Des producteurs arrachent leurs pommiers pour réclamer une hausse du prix de vente

Les pommes ont été épargnées par l'épisode de gel du mois d'avril. - THOMAS SAMSON / AFP
Les pommes ont été épargnées par l'épisode de gel du mois d'avril. - THOMAS SAMSON / AFP

Des pomiculteurs ont lancé samedi une opération d'arrachage de vergers pour protester contre la hausse des coûts. Ils demandent aux grandes surfaces d'augmenter de 20 centimes par kilo le prix d'achat producteur.

C'est aussi la crise pour les producteurs du fruit préféré des Français. De nombreux pomiculteurs ont lancé samedi une opération coup de poing, en arrachant eux-mêmes leurs arbres fruitiers. Ils protestent contre l'augmentation des coûts de production, principalement l'énergie.

Dans le Tarn-et-Garonne, premier département producteur de pommes, le président de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) veut sonner l'alarme.

"On ne peut plus tenir face à cette pression des coûts"

Les années précédentes, "on était sur des prix de vente (...) en direction des distributeurs autour de 85 centimes d'euros le kilo. Aujourd'hui, on n'est plus qu'à 70 centimes avec toutes les charges qui augmentent derrière", a relevé au micro de BFTMV Damien Garrigue. En cause principalement, la hausse du prix de l'énergie.

"C'est le poste le plus important au niveau des augmentations, qui va de fois 7 à fois 10 suivant les exploitations", a déclaré le producteur.

Pour marquer le coup et se faire entendre, lui et d'autres producteurs du département participent donc à cette opération d'arrachage de pommiers. "On est obligés car on ne peut plus tenir face à cette pression des coûts qui explosent: main d'œuvre, emballage, coût d'achat du matériel...", a-t-il listé.

Damien Garrigue a également rappelé la situation catastrophique du verger français depuis 20 ans, "divisé presque par deux". "On perd tous les mois l'équivalent de 40 terrains de football de vergers", a donné comme autre chiffre ce responsable de la FDSEA.

Demande d'une hausse de 20 centimes

D'autres territoires sont concernés par cette initiative choc, comme le département du Limousin, nous révèle France 3, ou la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur (PACA). "Le produit n'est pas payé au minimum qu'il devrait être payé pour équilibrer les comptes du producteur", a jugé auprès de BFMTV André Bernard, président de la Chambre régionale d'agriculture de la région PACA.

Comme d'autres pomiculteurs, il demande aux enseignes de la grande distribution d'augmenter d'au moins 20 centimes par kilo le prix d'achat producteur.

"C'est notre indépendance alimentaire qui est menacée", a-t-il rappelé en référence à la concurrence d'autres pays européens et même du monde entier.

"Face à cette situation, la seule solution c'est d'abattre les arbres et de faire autre chose ou rien dans les parcelles", a-t-il réagi, avant de souligner que "quand on abat un verger, il faut minimum 10 ans, pour retrouver le même".

"Il y a un enjeu de santé publique"

Alors que les producteurs se sentent le couteau sous la gorge, les conséquences pourraient aussi être néfastes pour les consommateurs. Sur l'année, la pomme est pour rappel le premier fruit consommé des Français.

"Il y a un enjeu de santé publique si on augmente trop les prix des fruits et légumes", a tranché sur BFMTV Pascale Hebel, directrice associée chez C-ways, experte de la communication.

"Les Français ne mangent déjà pas assez de fruits (...) Si on augmente trop les prix, et on le voit déjà, la consommation diminue", a dévoilé Pascale Hebel.

Pour cette spécialiste, "les consommateurs ne peuvent pas payer plus cher". Selon l'Insee, le prix de l'alimentation a déjà augmenté 12,2% sur un an en décembre 2022.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - André Bernard, de la Chambre d'agriculture de la région PACA, sur le désarroi des producteurs de pommes : "C'est une économie qui s'en va, c'est un patrimoine qui s'en va"