Producteur violemment frappé: le monde de la culture appelle à continuer de filmer la police

Mathieu Kassovitz en mai 2017 à Cannes - Loic Venance - AFP
Mathieu Kassovitz en mai 2017 à Cannes - Loic Venance - AFP

Le monde de la culture s'engage contre les violences policières. Mathieu Kassovitz, Guillaume Canet, Gilles Lellouche, Alexandra Lamy ou encore Ahmed Sylla, Pierre Lescure et Kheiron se sont mobilisés après la publication par le site Loopsider d'images qui montrent un homme noir, Michel Zecler, roué de coups par des policiers dans l'entrée d'un studio de musique du XVIIe arrondissement de la capitale.

"Voici pourquoi nous continuerons à filmer la police", a écrit le réalisateur de La Haine sur Instagram après avoir partagé la vidéo de Loopsider. "Je suis évidemment outré. J'ai essayé de me tenir à l'écart du débat sur cette loi qui nous empêche de filmer les policiers. Cette vidéo me fait bouillir et réagir. On ne peut pas laisser passer ce genre de choses dans ce pays. Il faut qu'on trouve des choses, que nous filmions la police, qu'on ait le droit ou pas, et qu'elle soit responsable de ses actes." Un message partagé notamment par Omar Sy dans sa story Instagram.

"Cette vidéo ultra violente est la raison pour laquelle nous continuerons à filmer la police. Les caméras de surveillances, les téléphones sont les seules armes contre la violence des policiers qui agissent comme des voyous. Sans ces caméras que se serait-il passé. Sans le courage des voisins qui osent filmer, comment la vérité aurait pu être mise à jour? Nous continuerons à filmer la violence policière et nous verrons bien s’ils peuvent nous mettre en prison quand nous aurons les preuves de leurs crimes", ajoute-t-il dans un texte publié sur le réseau social.

"Mettre fin à cette loi anti-républicaine"

Selon le réalisateur engagé, "cette vidéo doit être utilisée pour mettre fin à cette loi anti-républicaine [la proposition de loi "Sécurité globale", NDLR] et nous devons poser la question des body cam obligatoires pour les policiers dans la rue". "Nous ne voulons plus avoir peur de ceux qui sont censés nous protéger", ajoute-t-il.

Inquiétude partagée par Alexandra Lamy, qui a interpellé le président de la République sur Twitter: "Hier [lors de la] journée internationale contre la violence à l’égard des femmes et des enfants, Emmanuel Macron demande aux victimes de ne pas hésiter à appeler la police. Heu, pas sûr que ces images les rassurent. Dites-moi, ces hommes ne sont pas des policiers, nous sommes bien d’accord?"

"J'ai regardé plusieurs fois la vidéo et je n'arrive pas à comprendre ce qui justifie leur violence? C'est tellement la honte pour ces trois policiers. Mais aussi pour nous, pour notre pays! C'est pour ce genre de scènes qu'on nous interdit de filmer des policiers??? Et si juste ces trois mecs avaient fait correctement leur travail, il n'y aurait plus rien à filmer...", s'indigne sur Instagram Guillaume Canet.

"Que justice soit faite pour tous les Michel"

"Il est temps de s’insurger contre la tournure que prend la politique intérieure en France et sur de nombreux sujets", complète le chanteur Christophe Willem. "Une pensée à tous les Michel qui n’avaient pas de caméra...", a indiqué de son côté l'humoriste Kheiron, en faisant référence aux victimes de violences policières dont les agressions n'ont pas été filmées. Et Ahmed Sylla de conclure: "Que justice soit faite pour tous les Michel!!!"

Plusieurs footballeurs se sont aussi mobilisés. L'attaquant-vedette de l'équipe de France et du PSG Kylian Mbappé a ainsi dénoncé sur Twitter "une vidéo insoutenable" et "des violences inadmissibles" à propos du passage à tabac filmé d'un producteur de musique noir par des policiers à Paris.

Le tweet de Mbappé, conclu par les mots "Stop au racisme", fait suite à celui de son coéquipier sous le maillot des Bleus Antoine Griezmann qui avait écrit plus tôt sur son compte Twitter: "J'ai mal à ma France".

Article original publié sur BFMTV.com