Producteur violemment frappé: le journaliste qui a révélé l'affaire dénonce une "version mensongère" des policiers

David Perrotin, journaliste à Loopsider. - BFMTV
David Perrotin, journaliste à Loopsider. - BFMTV

Depuis la révélation de l'affaire et l'ouverture d'une enquête pour "violences par personnes dépositaires de l'autorité publique", quatre fonctionnaires ont été suspendus jeudi de leurs fonctions. Il leur est reproché d'avoir roué de coups un homme noir, Michel Zecler, dans l'entrée de son studio de musique du XVIIe arrondissement de Paris.

Ce passage à tabac a été enregistré par le système de vidéosurveillance du local ainsi que par des voisins, munis de leurs téléphones portables, puis documenté par le site Loopsider.

"Version totalement mensongère"

Le journaliste David Perrotin, qui a révélé l'affaire, rappelle que les policiers mis en cause sont également soupçonnés de faux en écriture. À ce titre "une enquête a été ouverte en plus de celle sur les violences", indique-t-il sur le plateau de BFMTV.

"Quand on compare les déclarations des policiers avec le visionnage de toutes les vidéos, on constate que tout a été falsifié. On a une version totalement mensongère des agents qui sont en cause, rien ne correspond aux images du début à la fin", dépeint le journaliste.

Et de poursuivre: "Ils disent que la victime - qu'ils voulaient contrôler parce qu'elle ne portait pas son masque - les a entraînés dans son local, alors qu'on voit que ce sont les policiers qui l'y tirent, le poussent, referment la porte et le tabassent."

Dans le procès-verbal des policiers, que BFMTV a pu consulter, les agents ont également affirmé que Michel Zecler avait tenté de prendre leurs armes de service. "Mais sur les vidéos, on voit qu'à aucun moment ce n'est le cas", note David Perrotin. "Enfin, ils accusent Michel de les avoir frappés, or sur les plus de 5 minutes que dure la vidéo, il n'y a aucun geste violent de sa part. Au contraire, il essaye même de discuter avec eux."

"Aucune chaîne de hiérarchie interrogée"

"Si nous n'avions pas les vidéos, mon client serait peut-être actuellement en prison", a commenté Me Hafida El Ali, avocate de Michel Zecler. Son client bénéficie d'une incapacité totale de travail (ITT) de six jours à la suite des coups de poing, de pied et de matraque qu'il a reçus.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé qu'il demandera "la révocation" des policiers "dès que les faits seront établis par la justice". Invité de France 2 jeudi, il les a accusés d'avoir "sali l'uniforme de la République". Le ministre a, en revanche, réaffirmé son soutien au préfet de Police Didier Lallement qu'il souhaite voir continuer à "exercer ses fonctions".

En peu de jours, ce haut-fonctionnaire, déjà très contesté par le passé, a à nouveau été très décrié. La violente agression du producteur de musique par des policiers fait suite à une évacuation musclée et controversée par les forces de l'ordre d'un campement de migrants dans le centre de Paris, lundi soir.

"Depuis les gilets jaunes, on constate qu'on a environ une affaire de violences policières graves par semaine et qu'il n'y a aucune chaîne de hiérarchie interrogée, le préfet ne cesse d'être conforté", dénonce David Perrotin.

Article original publié sur BFMTV.com