Procès de Monique Olivier : pourquoi son QI fait débat

D’abord qualifiée de surdouée dans un rapport de 2005, l’ex-femme de Michel Fourniret aurait en fait un niveau d’intelligence dans la zone basse de la moyenne.

Monique Olivier quitte le tribunal de Charleville-Mézières le 15 avril 2008 (REUTERS/Yves Herman)
Monique Olivier quitte le tribunal de Charleville-Mézières le 15 avril 2008 (REUTERS/Yves Herman)

Monique Olivier était-elle le cerveau des meurtres de son tueur en série de mari Michel Fourniret ? Alors qu’elle sera jugée seule à partir du 28 novembre pour sa complicité présumée dans les meurtres de Marie-Angèle Domèce, Joanna Parrish et Estelle Mouzin, la question se pose. L’ex-épouse de "l’ogre des Ardennes", mort le 10 mai 2021, a longtemps eu l’image d’une surdouée, manipulatrice, et sans état d'âme. Un profil qui a très certainement joué en sa défaveur lors de ses précédents procès lors desquelles elle a été condamnée à perpétuité pour complicité de quatre meurtres et d'un viol en réunion commis par Michel Fourniret et à 20 ans de réclusion pour complicité dans un cinquième meurtre.

À l’origine de cette réputation de manipulatrice qui lui colle à la peau, un test de QI passé en 2005. Elle obtient alors un score de 131, ce qui correspond à 2,2% de la population la plus intelligente. "À partir du moment où Monique Olivier a un niveau intellectuel supérieur à celui de Michel Fourniret, il est difficile qu’elle soit manipulable", avance notamment le psychologue Jean-Luc Ployé, à l’origine du rapport d’expertise, dans un documentaire Netflix. De femme effacée et potentiellement manipulée, elle endosse le costume de professionnelle du crime. Elle pourrait avoir offert un permis de tuer à mari qui faisait des femmes vierges une obsession.

Le QI, "meilleure mesure qu’on a de l’intelligence générale"

Le QI, ou quotient intellectuel est "la meilleure mesure qu’on a de l’intelligence générale, nous expliquait Franck Ramus, chercheur en psychologie et directeur de recherche au CNRS, dans un précédent article. Elle permet d’évaluer tout ce que le cerveau est capable de faire en termes de raisonnement, de compréhension et de mémoire."

Avoir un quotient intellectuel plus ou moins haut ne justifie pas un crime, mais permet de mieux comprendre les rôles de tueurs. Des informations utiles notamment quand les assassins se murent dans le silence, à l’instar de Michel Fourniret lors de ses précédents procès.

Des tests évolutifs

Lors de l’instruction sur la mort de Lydie Logé, la juge Sabine Khéris a demandé à trois experts de procéder à une nouvelle évaluation de l’intelligence de Monique Olivier, raconte Le Parisien. Verdict : elle a un QI de 92, soit un niveau d’intelligence dans "la zone basse de la moyenne".

L’utilisation d’un test obsolète pourrait expliquer le grand écart des rapports. De plus, plusieurs tests existent pour évaluer les aptitudes cognitives d’une personne et ils évoluent "tous les 10 ans à peu près pour correspondre à la culture contemporaine et au vocabulaire d’aujourd’hui", précisait Franck Ramus.

Les psychologues qui vont être amenés à témoigner devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine pensent que Monique Olivier était en pleine possession de ses moyens, mais qu’elle a effectivement pu être sous l’emprise de Michel Fourniret et manipulée par lui. Une bonne nouvelle pour l’avocat de Monique Olivier, Me Richard Delgenes. Cela va "permettre de la juger pour ce qu’elle est et non pas pour le fantasme créé depuis quinze ans", estime-t-il.

VIDÉO - Affaire Fourniret : 35 ans après sa disparition, le corps de Marie-Angèle Domèce est toujours introuvable