Procès de Trump : qui est le juge Merchan, avec qui l’ex-président dit avoir un « vrai problème »
ETATS-UNIS - Il a un « vrai problème » avec lui. Alors que le procès de Donald Trump lié à l’affaire Stormy Daniels a démarré lundi 15 avril, dans un tribunal de Manhattan à New York, l’ancien président a affirmé dans la soirée avoir un différend avec Juan Merchan, le juge qui préside les audiences. Il assure qu’il n’aura pas « droit à un procès équitable ».
Il faut dire que les deux hommes ont un passif. Avant cette affaire ultra-médiatisée, le juge Juan Manuel Merchan a présidé le procès pour fraude fiscale de 2022 qui a conduit à la condamnation du directeur financier de la Trump Organization, Allen Weisselberg. Il a également été juge dans l’affaire de fraude et de blanchiment d’argent visant Steve Bannon, ancien conseiller à la Maison Blanche.
Le mois dernier, sur sa plateforme Truth Social, le candidat à la Maison Blanche a décrit Juan Merchan comme un « haineux certifié de Trump », alors qu’il refusait de repousser encore la date du procès. L’année dernière, le juge a d’ailleurs rejeté une demande de Donald Trump lui demandant de se récuser de l’affaire en raison du travail de sa fille avec le camp démocrate. Le comité des affaires éthiques de l’État de New York a conclu que son impartialité ne pouvait « raisonnablement être remise en question sur la simple base des activités professionnelles ou politiques de ses proches ». Une décision contestée par l’ex-président.
Un juge « dur » mais « juste »
Le juge Juan Merchan est un juriste chevronné qui a la réputation d’être « dur » mais « juste », peu importe la personne qu’il doit juger, souligne CNN en citant des observateurs. Certains avocats ayant comparu devant lui évoquent un magistrat qui « ne supporte pas les perturbations ou les retards » et veut « garder le contrôle de sa salle d’audience » quelle que soit la médiatisation de l’affaire.
« Merchan ne laisse ni les procureurs ni les accusés créer de problèmes dans sa salle d’audience. Il ne permet pas qu’un cirque médiatique ou tout autre type de cirque se produise », expliquait à CNN une analyste juridique. « Je ne pense pas que le fait que Donald Trump l’attaque et le menace soit de très bon augure pour lui dans la salle d’audience », a-t-elle souligné.
Quand Trump s’attaque à la fille Merchan
« C’est un juriste sérieux, intelligent et d’humeur égale », a déclaré l’avocat de la défense de Manhattan, Ron Kuby, à NBC News. « Il ne fait pas partie de ces juges qui crient après les avocats et qui sont qualifiés de juges pragmatiques. Mais il contrôle toujours la salle d’audience. »
Et le contrôle, il tente aussi de l’avoir hors du tribunal. C’est notamment à cause de la propension de Trump à critiquer voire insulter sur les réseaux sociaux toute personne pouvant lui nuire lors du procès, que Juan Merchan a délivré une ordonnance de silence contre l’ancien président.
Celle-ci lui interdit critiquer publiquement les témoins, le personnel du tribunal et la famille du juge.
Car Donald Trump a également ciblé la fille du juge, Loren Merchan, car elle est cadre supérieure dans « une entreprise super-libérale-démocrate » qui a notamment travaillé avec le président Joe Biden, précise BBC News.
De Bogota à la Cour suprême de New York
Juan Merchan est né à Bogota, en Colombie, avant d’émigrer aux États-Unis à l’âge de 6 ans et a grandi dans le Queens à New York, raconte Le New York Times.
Premier de sa famille à aller à l’université et diplômé en droit de l’Université Hofstra, il a lancé sa carrière juridique en 1994 où il a débuté comme procureur adjoint dans la division de première instance du bureau du procureur du district de Manhattan. Il a ensuite rejoint le bureau du procureur général de l’État quelques années plus tard où il a travaillé sur des affaires à Long Island.
C’est en 2006 qu’il est nommé au tribunal de la famille du Bronx par le maire de New York Michael Bloomberg. Il enchaîne en 2009 à la Cour des réclamations de l’État de New York, tout en devenant juge de la Cour suprême de New York par intérim.
Ce procès inédit, puisque c’est la première fois qu’un ancien président américain est inculpé au pénal dans l’histoire des États-Unis, promet d’être l’une des affaires les plus marquantes de sa longue carrière.
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