Procès de Gabriel Fortin : le « tueur de DRH » condamné à la perpétuité en appel

Photo d’illustration de l’avocat des parties civiles, Hervé Gerbi, arrivant pour le procès de Gabriel Fortin, au palais de justice de Grenoble avant le début de son procès en appel, le 13 mai 2024.
OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP Photo d’illustration de l’avocat des parties civiles, Hervé Gerbi, arrivant pour le procès de Gabriel Fortin, au palais de justice de Grenoble avant le début de son procès en appel, le 13 mai 2024.

JUSTICE- La justice réaffirme son jugement. Gabriel Fortin, l’énigmatique ingénieur au chômage surnommé le « tueur de DRH » à cause du métier de ses trois victimes assassinées début 2021, a été une nouvelle fois condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, ce mardi 28 mai à Grenoble.

Cette peine est assortie d’une période de sûreté de 22 ans. Elle est donc identique à celle prononcée en première instance contre laquelle l’accusé avait fait appel. Ce mardi, la cour d’assises de l’Isère a estimé que Gabriel Fortin était en proie à une altération de son discernement au moment des faits, mais a décidé de ne pas appliquer de minoration de peine.

Ce verdict est exactement conforme aux réquisitions de l’avocat général, qui avait mis en avant l’« extrême dangerosité » de l’accusé. « Avez-vous senti le vent de soulagement au moment du verdict », a déclaré Hervé Gerbi, avocat des parties civiles, peu après l’énoncé de la condamnation, qui a par ailleurs été prononcée en l’absence de l’accusé, comme lors de quasiment tout le procès.

Un accusé très silencieux

Le parcours meurtrier en janvier 2021 de Fortin, 49 ans, avait plongé le pays dans l’émoi et la stupéfaction. Trois de ses victimes avaient été associées à ses licenciements et la quatrième travaillait dans une agence Pôle emploi de Valence qu’il avait fréquentée.

L’enquête avait rapidement établi que son passage à l’acte avait été minutieusement préparé et que Fortin avait potentiellement dans le viseur plusieurs autres personnes contre lesquelles il avait accumulé divers griefs.

La question de l’altération du discernement et la « dangerosité » de Fortin étaient au cœur de ce long procès, ouvert le 13 mai, et qui a aussi été marqué par son absence quasi-totale dans le box des accusés. Répétant n’avoir « rien à dire », il n’y aura fait que de brèves apparitions ponctuées d’esclandres visant à se faire expulser.

Les parties civiles ont fustigé un « mur de silence inexplicable » témoignant de la « lâcheté » de l’accusé et visant probablement à « faire souffrir à nouveau les familles », moins d’un an après le procès de première instance tenu à Valence en juin 2023.

L’ex-ingénieur se caractérise par « une absence totale d’empathie envers les victimes », une « dangerosité criminologique » et un « refus catégorique de toute démarche de soins », avait souligné l’avocat général dans son réquisitoire.

Un homme « hanté par ses interprétations folles »

Plus encore, l’avocat général est revenu sur les deux expertises psychiatriques conduites sur l’accusé, dont la plus récente a conclu à une altération de son discernement au moment des faits. Il avait émis le souhait que cet élément, s’il devait être retenu par la cour, « n’entraîne aucune minoration de la peine ».

C’est ce qu’il s’était produit en première instance : les jurés avaient retenu que des troubles psychiques avaient altéré son discernement, sans pour autant appliquer de diminution de peine. Les parties civiles avaient appelé de leurs vœux un verdict similaire à l’issue du procès en appel.

L’avocat de la défense, Me Bertrand Sayn, avait au contraire dépeint un homme « hanté par ses erreurs d’appréciations et ses interprétations folles ». « Cet homme est malade et cette maladie semble s’accélérer un peu avant les faits », a-t-il relevé. De quoi transformer en « enfer » le quotidien de Gabriel Fortin, a-t-il souligné, en référence à sa conviction d’être traqué, surveillé, victime de complot. Pour autant, « affirmer qu’il va recommencer quand il sortira, c’est faux », a-t-il lancé, dénonçant un « raccourci qu’il ne faut pas emprunter ».

Pour autant, non seulement Gabriel Fortin n’a pas expliqué et encore moins regretté son geste, mais il refuse de se soumettre à des soins, ce qui le rend encore plus dangereux, ont argué les avocats des parties civiles, exposant le traumatisme et la « peur » toujours vivaces des victimes et de leurs proches.

À voir également sur Le HuffPost :

Disparition de Lina : dans « Appel à témoins » sur M6, la mère de l’adolescente demande de l’aide

Aux États-Unis, cet adolescent chute de 122 mètres en pleine randonnée et s’en sort indemne