Procès du 13-Novembre : la plaidoirie de Maître Samia Maktouf

Document. Ce mardi, le 126e jour du procès des attentats du 13 novembre 2015, était le jour des plaidoiries. Me Samia Maktouf, qui représente 42 parties civiles, proches ou victimes du Bataclan, des terrasses des cafés mais aussi du Stade de France, a plaidé. Voici l'intégralité de sa plaidoirie.

PLAIDOIRIE DE MAITRE SAMIA MAKTOUF DEVANT LA COUR D’ASSISES DE PARIS SPECIALEMENT COMPOSEE LE 23 MAI 2022

Monsieur le Président, Mesdames et Monsieur de la Cour,

Dans le monde idéal des accusés, ici, à ma place, il y aurait un homme qui s’adresserait à vous et non une femme, Même voilée, une femme ne pourrait être ni juge, ni procureur ni avocate, ni rien d’ailleurs ! C’est une hérésie pour les accusés que je puisse, moi femme, plaider devant votre Cour. Et quand bien même, autorisée à plaider, j’aurais été forcée de commencer mon propos par ce préambule religieux : « Bismillah Ar-rahman Ar-rahim », Au nom de Dieu, le plus clément, le plus miséricordieux. Voilà le monde des accusés que vous avez à juger ! Or, ici, nous sommes devant une Cour d’assises de la République française, où la justice est rendue par des femmes et des hommes au nom du peuple français. Ces accusés seront jugés en vertu de la loi française et non en vertu du Coran, de la Bible ou de la Torah. Votre Cour va juger des crimes terroristes commis au nom d’une idéologie extrémiste, meurtrière fasciste. Une idéologie qui nie le sens même de l’humanité.

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Je voudrais inviter votre Cour à se concentrer sur un thème majeur, en fait un thème central en matière de terrorisme. Un thème, qui à mon sens, n’a pas eu de droit de cité dans ce procès. A savoir : L’endoctrinement islamiste qui a mené à l’acte terroriste. Soyons clairs, ce procès n’est pas celui de l’islam, et n’est pas non plus celui d’une pratique religieuse. Et rappelons surtout que la République ne juge pas l’islam, ni aucune autre religion d’ailleurs, et que la République garantit(...)


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