Le prix du Livre Inter a été décerné à Phœbe Hadjimarkos Clarke pour son roman « Aliène »

Phœbe Hadjimarkos Clarke pour « Aliène » reçoit le Prix du Livre Inter 2024
France Inter Phœbe Hadjimarkos Clarke pour « Aliène » reçoit le Prix du Livre Inter 2024

LIVRE - C’est un incontournable de la saison littéraire. Le 50e prix du livre de France Inter a été attribué, ce lundi 3 juin, à Phœbe Hadjimarkos Clarke pour Aliène. Ce roman paru en janvier aux Éditions du Sous-Sol raconte, en mêlant social et fantastique, l’histoire d’une jeune femme, militante, qui part se reposer à la campagne et y sera mal accueillie.

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À la différence du prix Goncourt ou du Femina, ce prix-là est décerné par le public. En l’occurrence ici, les auditeurs de France Inter. Pour la cinquantième fois, 24 personnes se sont réunies à la Maison de la Radio et de la Musique ce dimanche 2 juin, et ont débattu plusieurs heures durant pour attribuer, après d’âpres discussions, le Prix du Livre Inter. Les jurés, à parité entre hommes et femmes, étaient âgés de 18 à 72 ans et la présidente du jury était l’actrice Isabelle Huppert.

Un récit de science-fiction étrange et déroutant

Phœbe Hadjimarkos Clarke, la lauréate Franco-américaine, est traductrice de profession. En 2021, elle avait déjà fait une entrée remarquée dans la littérature de genre avec Tabor aux éditions Le Sabot, un récit de « science-fiction queer ». L’étrangeté reste sa marque de fabrique avec ce second roman, Aliène (Éditions du Sous-Sol, 2024). La confrontation déroutante entre une chienne mutante et une femme déphasée dans un décor rural menaçant. « Cette inquiétude qui me paraît émerger un peu partout, j’avais envie de la dire », a-t-elle déclaré à France Inter.

Dans le livre, le personnage principal, Fauvel, accepte de garder la chienne du père d’une de ses amies dans une maison isolée à la campagne. Sauf qu’Hannah n’est pas un chien comme les autres, c’est le clone d’une première Hannah, qui trône empaillée au milieu du salon. Dans le village, elle suscite les peurs et les reproches muets des habitants à mesure qu’on découvre, au matin, des animaux massacrés, et qu’elle-même rentre parfois ensanglantée.

« Cette intrigue c’est n’importe quoi, mais c’est ça qui est génial »

C’est le seul livre qui n’aura laissé personne indifférent dans le jury. « On voit tous des choses différentes, avec plus ou moins de plaisir et c’est ça qui est intéressant », résume un membre du jury à France Inter. Ce roman, qui est une pseudo-enquête hallucinée, explore les notions de domination, d’animalité et de violence. En étant à la fois « baroque » et « très drôle », le roman est un mélange surprenant mais réussi de genres et de tons. « Cette intrigue c’est n’importe quoi, mais c’est ça qui est génial », ajoute un autre membre du jury.

Isabelle Huppert, présidente de ce prix, rejoint l’avis du jury. De manière assez paradoxale, il n’y a, pour elle, nullement besoin de s’identifier ni d’apprécier l’héroïne pour s’y attacher : « J’ai été très touchée par cette héroïne qui n’est pas touchante, qui a une forme de brutalité, de sécheresse, qui est très intéressante. Elle m’a touché par la manière qu’elle a de ne pas prendre la main de quiconque. »

Aussi déjantée soit elle, l’histoire suivie dans ce roman est aussi celle de la vie de son autrice. « J’ai presque suivi le fil de ma propre vie, en y ajoutant évidemment toutes sortes de choses un peu dingues », a-t-elle témoigné lors d’une rencontre avec des lecteurs à Paris en février. Elle poursuit : « J’avais moi-même déménagé à la campagne et j’étais assez inquiétée par tout ce que je pouvais y voir : ses chasseurs, une nature ravagée ».

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