Privée de public, la Fashion Week de New York s'efforce de soutenir la mode américaine

Gigi Hadid lors du défilé Tommy Hilfiger durant la New York Fashion Week en septembre 2016 - Trevor Collens - AFP
Gigi Hadid lors du défilé Tommy Hilfiger durant la New York Fashion Week en septembre 2016 - Trevor Collens - AFP

Quasiment aucun défilé avec public, très peu de grands noms, une ville désertée... Malgré la pandémie, la Fashion Week de New York s'ouvre ce dimanche et veut aider les designers américains à survivre à une crise inédite.

Ne cherchez pas Michael Kors, Tommy Hilfiger ou Ralph Lauren, habituels poids lourds du calendrier. Ils ne seront pas de cette semaine de la mode, qui ne durera qu'un peu plus de trois jours, de dimanche soir à mercredi.

Désireux d'écouler une partie des stocks considérables accumulés depuis le début de la pandémie, parfois handicapés par une chaîne de production tournant au ralenti, ils ne présenteront leurs nouvelles collections que plus tard, hors calendrier. Quant à Marc Jacobs, il a carrément renoncé à son millésime printemps-été 2021.

Tom Ford au rendez-vous

Le seul géant au rendez-vous sera Tom Ford, qui présentera sa collection en virtuel pour la clôture, mercredi soir. Sa présence est un symbole de la volonté du syndicat américain de la mode (CFDA), dont il est le président, de soutenir les designers américains de toutes les tailles, parfois au bord de l'asphyxie.

Historiquement, le prêt-à-porter américain haut de gamme s'appuie beaucoup sur les grands magasins, déjà mal en point et tombés les uns après les autres avec la pandémie, de Barneys à Lord & Taylor, en passant par Neiman Marcus.

Le défilé en public a quasiment disparu du calendrier cette saison, à quelques très rares exceptions, dont Jason Wu, en ouverture dimanche soir, ou Rebecca Minkoff, qui présentera ses créations mardi.

Même si New York fait désormais partie des meilleurs élèves américains, les Etats-Unis ont toujours le plus grand mal à contrôler l'épidémie, ce qui explique le décalage avec les Fashion Week de Paris, Milan ou Londres, où les défilés publics seront beaucoup plus nombreux.

Un événement virtuel

Outre le risque sanitaire, "quand vous essayez simplement de payer le plus d'employés possible et de ne pas licencier davantage ou mettre au chômage technique, dépenser plusieurs millions de dollars dans un défilé n'a aucun sens", a fait valoir Tom Ford dans un entretien au site spécialisé Women's Wear Daily. Grand pragmatique, le quinquagénaire à l'éternel costume noir ne prévoit pas de saison "normale" avant l'automne 2021.

Pour aider les designers américains à tenir, le CFDA a investi dans une nouvelle plateforme, baptisée Runway360, accessible gratuitement aux designers et qui permet aux maisons de présenter leurs collections et de créer un événement virtuel autour de leurs créations.

Plus de cinquante des quelque 70 designers inscrits au calendrier de cette Fashion Week new-yorkaise utiliseront Runway360. Cette semaine, plusieurs d'entre eux ont filmé des séquences dans New York avant de mettre en ligne leur contenu vidéo le jour dit.

Même privée de défilés physiques, "la mode reste un business et la Fashion Week est une plateforme qui permet aux designers de fonctionner économiquement", explique Steven Kolb, directeur général du CFDA. Avec, à la clef, "des emplois: c'est un gagne-pain, donc il faut aller de l'avant, mais prudemment, avec la sécurité (sanitaire) à l'esprit", dit-il.

Article original publié sur BFMTV.com