Privée de son allocation de présence parentale, la mère d'une enfant malade témoigne

Privée de son allocation de présence parentale, la mère d'une enfant malade témoigne

"On survit". Ce sont les mots de Céline, mère de Nahia, qui se retrouve sans revenus. Sa fille, âgée de 2 ans et demi, souffre d'une pneumopathie, une infection aigue du poumon. Étant particulièrement fragile, elle ne peut vivre en collectivité: pour elle, "le moindre petit rhume peut dégénérer", explique sa mère.

Céline doit donc s'occuper d'elle toute la journée et ne peut pas travailler. Pendant un an, cela n'a pas été un problème, puisqu'elle percevait l'allocation journalière de présence parentale (AJPP). Elle est versée aux parents s'occupant d'un enfant gravement malade, accidenté ou handicapé, dans la limite de 22 jours par mois et son montant est généralement de 58,59 € par jour. Les demandeurs d'emploi indemnisés par Pôle emploi peuvent en bénéficier, même si cela suspend le versement de leurs indemnités chômage.

"Les choses se sont compliquées" pour Céline lorsqu'elle a voulu renouveler sa demande d'AJPP au bout d'un an, explique-t-elle à BFMTV.

Sa demande a été acceptée mais il ne lui restait qu'un jour de chômage: elle a donc eu le droit à un jour d'AJPP au lieu des 310 perçus sur l'année précédente. Techniquement, cela n'est pas surprenant. Le site de la CAF indique bien que "seuls les jours d'indemnisation au chômage ouvrent droit à l'AJPP".

"Si vous avez par exemple seulement 5 jours de chômage sur le mois, vous serez alors indemnisé à hauteur de 5 jours au titre de l'AJPP", illustre la CAF.

Un changement de règle non expliqué

Seulement, plusieurs associations affirment qu'il s'agit d'un changement de politique. Stéphane Vedrenne, co-fondateur des associations Grandir sans cancer et Eva pour la vie, a dénoncé sur BFMTV un "recul brutal".

Le principe de l'AJPP, explique-t-il, est normalement de "bénéficier de 310 jours d'aides, même avec seulement 10 jours de chômage".

"Mais depuis juin, la CAF a décidé que 10 jours de chômage égale 10 jours d'AJPP", poursuit-il.

Résultat, "des centaines de familles" qui "se retrouvent sur le carreau" ont contacté ses associations. Pourtant, selon Stéphane Vedrenne, "Il n'y a pas eu de changement de loi qui aurait raboté de façon aussi violente les droits de ces familles".

Des remontées dont il dispose, certaines CAF répondent que ce changement "est dû à un revirement ministériel, lequel on ne sait pas, d'autres disent que c'est dû à un changement de loi et c'est complètement faux, et d'autres encore parlent d'une nouvelle décision de la CNAF".

Au niveau national, la CNAF "a  bien conscience des difficultés des familles concernées au travers des différentes remontées intervenues depuis l’été" mais n'explique pas vraiment ce supposé changement de règles. Contactée par BFMTV.com, elle explique avoir "repris attache avec le ministère des Solidarités sur l’interprétation des textes en vigueur", afin de clarifier la situation.

"Des travaux sont conduits en urgence sur ce sujet avec les services du ministère dans l’objectif de transmettre des nouvelles consignes aux Caf dans les jours à venir", ajoute la CNAF.

En attendant, Stéphane Verdenne doit rencontrer ce vendredi des responsables au ministère des Solidarités, de l'Autonomie et des personnes handicapées: "On demande qu'une circulaire simple rectifie le tir".

Article original publié sur BFMTV.com