Prison : deux tiers des détenus libérés souffrent de troubles mentaux

'"Plus de 20% des personnes incarcérées sont atteintes de troubles psychotiques', souligne une précédente étude (Getty Images)

Une enquête a été menée pendant deux années par une équipe du CHU de Lille. Les premiers résultats rapportent un nombre très important d'addictions.

Environ 70 000 prisonniers sont libérés chaque année. L'étude Santé mentale en population carcérale sortante s'est intéressée aux troubles psychiatriques existants chez ces détenus libérés, les conclusions ont été présentés au congrès français de psychiatrie de Lille et dévoilées par Le Monde.

L'équipe du CHU de Lille a constaté que près de deux tiers des hommes et trois quarts des femmes souffrent d'au moins un trouble psychiatrique et/ou lié à une addiction au moment de leur libération. Parmi les principaux troubles, les chercheurs ont noté des troubles de l'humeur ou affectifs, des troubles anxieux et des cas de stress post-traumatique. Il existe également un forte prévalence des addictions. "Nous refaisons le constat d’une prévalence très élevée de troubles psychiatriques en prison en France", détaille le docteur Thomas Fovet, psychiatre et coauteur de l’étude.

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Accompagner les anciens détenus

Grâce à ces résultats, les chercheurs soulignent l'importance d'analyser les besoins de soins et de mettre en place l'accompagnement nécessaire. "La mortalité des ex-détenus dans les cinq ans suivant leur libération est quatre fois supérieure à la moyenne en population générale", rappelle le docteur Thomas Fovet, psychiatre et coauteur de l’étude.

Une précédente étude s'était intéressée aux troubles psychiatriques des détenus incarcérés. "Plus de 20% des personnes incarcérées sont atteintes de troubles psychotiques dont 7,3% de schizophrénie et 7% de paranoïa et autres psychoses hallucinatoires chroniques. Au total, huit hommes détenus sur dix et plus de sept femmes sur dix présentent au moins un trouble psychiatrique, la grande majorité en cumulant plusieurs (troubles anxieux, dépressions, troubles bipolaires, psychoses…) et des dépendances. 35% à 42% des hommes étaient considérés comme manifestement malades, gravement malades ou parmi les patients les plus malades", rapportait la section française de l'Observatoire internationale des prisons.

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