Prise d'otage de civils par le Hamas: quelles conséquences sur la stratégie de riposte israélienne?

Prise d'otage de civils par le Hamas: quelles conséquences sur la stratégie de riposte israélienne?

Des militaires, des hommes, des femmes et des enfants sont retenus en otage dans la bande de Gaza par le Hamas et le Jihad Islamique palestinien. Ils sont près de 150 à avoir été kidnappés lors de l'offensive terroriste sur Israël ce samedi, d'après le porte-parole de l'armée israélienne pour la presse française, Olivier Rafowicz, interrogé par BFMTV. Une prise d'otage qui complexifie grandement la riposte militaire israélienne.

"Les terroristes les utilisent comme des boucliers humains", affirme le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la Revue Défense Nationale, contacté par BFMTV.com. "Cela confronte Tsahal (l'armée israélienne, NDLR) à un dilemme: dois-je risquer de tuer mes propres concitoyens pour atteindre mes objectifs?".

Il ajoute: "Il serait dramatique de frapper des sites où il pourrait y avoir des otages".

Le Hamas a d'ailleurs annoncé ce lundi la mort de quatre otages dans des bombardements, même si cette information est à prendre avec des pincettes dans cette guerre, aussi, de communication.

"Plus on va avancer, plus le risque va être élevé"

Dans la nuit de dimanche à lundi, "plus de 500 cibles" du Hamas au pouvoir à Gaza et du Jihad Islamique ont été touchées par des frappes aériennes et des tirs d'artillerie. Des frappes précises sur des installations militaires comme des dépôts de carburant, des dépôts de munitions, des pylônes de communication, des Toyota pick-up dans lesquels se déplacent les terroristes...

"Les Israéliens surveillent et connaissent extrêmement bien Gaza, mais plus on va avancer, plus le risque de toucher des otages va être élevé", explique le consultant défense pour BFMTV. "C'est donc tout le travail des renseignements de l'éviter. Il faut engranger un maximum de données pour essayer de les localiser".

Un processus rendu difficile par la probable dispersion géographique des otages, détenus par deux groupes terroristes différents.

"Les assaillants ont pris des otages ça et là et les ont ramenés à Gaza via différents points de passage mais pas de manière structurée", commente le général Jérôme Pellistrandi.

Certains se trouveraient dans les tunnels à Gaza, d'après I24 News. Un véritable labyrinthe parcouru depuis des décennies par les miliciens du Hamas.

"Le Hamas affirme que les otages sont terrés dans les dizaines de kilomètres de tunnels sous Gaza que certains évaluent à 50km", rapporte le rédacteur en chef de la chaîne de télévision israélienne. "Les autorités espèrent que ces otages n'ont pas été exfiltrés ailleurs. S'ils ont quitté Gaza, cela donne une dimension encore plus terrible pour les retrouver".

Une crise à la dimension internationale

La diversité des otages a également des conséquences sur la stratégie de riposte israélienne. "Les militaires, eux, acceptent la prise de risques mais qu'il y ait aussi des vieillards, des femmes et des enfants est un acte totalement contraire au droit international. Cela peut être considéré comme un crime de guerre s'il leur arrive quelque chose", déclare le général Pellistrandi.

La nationalité des détenus, pour certains binationaux, entre aussi en jeu. Se trouvent parmi eux des israélo-américains, onze ressortissants thaïlandais, selon le Times of Israel et très probablement des Français. Sept sont portés disparus.

"Ce qui donne une dimension internationale à la crise. Cela oblige les nations concernées à s'investir", analyse-t-il.

L'aide au développement pour les Territoires palestiniens a été "suspendue temporairement" par l'Allemagne, et l'Union européenne a décidé d'en faire de même.

Les terroristes "se retrouvent avec des cibles, des otages à très forte valeur ajoutée [...] C'est une véritable toile d'araignée dans laquelle les diplomates vont devoir rentrer", abonde Patrick Sauce, éditorialiste politique internationale à BFMTV.

Les nations concernées devront négocier auprès des intermédiaires régionaux, comme les pays du Golfe, pour tenter de sauver ces otages. L'Égypte, médiateur incontournable des négociations entre Israéliens et Palestiniens, multiplie les contacts, au troisième jour de ce conflit entre Israël et le Hamas, pour "arrêter l'escalade". La Russie et la Ligue arabe se sont aussi manifestées. Le pays travaillera avec l'organisation pour "arrêter l'effusion de sang" en Israël et à Gaza, a assuré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

"Ils sont obligés de passer par des biais car des négociations directes entre le Hamas et Israël, ce n'est pas possible", assure l'éditorialiste.

Ces négociations peuvent prendre quelques jours ou quelques années. Pour exemple, il avait fallu cinq ans pour obtenir la libération de l'otage franco-israélien Gilad Shalit en 2011. Et ce, contre plus de mille détenus palestiniens.

Article original publié sur BFMTV.com