Primaire écologiste: vainqueur sur le fil, Jadot contraint de composer avec la "radicalité" de Rousseau

Yannick Jadot à Paris, après sa victoire lors de la primaire écologiste, ce mardi 28 septembre 2021. (Photo: via Associated Press)
Yannick Jadot à Paris, après sa victoire lors de la primaire écologiste, ce mardi 28 septembre 2021. (Photo: via Associated Press)

POLITIQUE - Cette fois ci, c’est la bonne. En remportant la primaire écologiste face à Sandrine Rousseau ce mardi 28 septembre, Yannick Jadot est assuré d’être le candidat de la famille écologiste à l’élection présidentielle. Une victoire aux airs de revanche pour l’eurodéputé, qui avait accepté de céder sa place au profit de Benoît Hamon en 2017, avec le résultat que l’on connaît.

Pour autant, le chantre du “rassemblement” ne peut ignorer que la partie est encore loin d’être gagnée, y compris dans son propre camp. Car le score réalisé par sa concurrente, qui le talonne de seulement 2112 sur un corps électoral comptant 122.000 inscrits, oblige l’ancien de Greenpeace à ménager celle qui a bousculé la primaire écolo sur fond de “radicalité”.

“La dynamique était chez nous”

D’autant que dans le camp de la perdante, on a du mal à cacher son amertume. “Les cadres du parti ont roulé pour Jadot. La dynamique était chez nous. S’il y avait eu quelques jours de plus, on gagnait. C’est dommage, on avait prévu une campagne présidentielle inédite”, grince un membre du staff de Sandrine Rousseau. Pour l’élue de Paris, Alice Coffin, soutien de la candidate ”écoféministe”, le vainqueur du soir n’a de toute façon pas vraiment le choix que de prendre en compte le score de sa concurrente.

“C’est dans l’intérêt du parti et de Yannick Jadot que de ne pas briser le bel élan que Sandrine a créé”, prévient l’ancienne journaliste, avant d’ajouter: “La question, c’est comment on fait pour que cette dynamique profite à cette campagne”.

Ce dont ne doutent pas les soutiens de l’eurodéputé, persuadés de la capacité du vainqueur à trouver la bonne formule. “Je ne crois pas que faire le rassemblement soit plus difficile avec un score à 51-49 que s’il avait gagné avec 60%”, veut croire l’eurodéputé Damien Carême. “Yannick a l’habitude de rassembler, il l’a montré au Parlement européen. À lui de transformer cette primaire, qui est une belle amorce”, poursuit l’ancien maire de Grande-Synthe.

Des propos enjoués qui tranchent avec le spectacle observé sur place, où ce n’était pas vraiment la communion entre les deux finalistes. Ces derniers se sont à peine croisés, et les militants de chaque camp ont soigneusement fait bande à part.

Appel du pied

Une ambiance froide sur laquelle les concurrents des écologistes ne s’empêchent pas de surfer. “Yannick Jadot gagne la primaire EELV. Il n’y a donc qu’un seul candidat pour une écologie conséquente en rupture avec le capitalisme et c’est Jean-Luc Mélenchon! Sandrine Rousseau aura permis de donner à voir la nécessaire rupture avec le système actuel. Merci”, a réagi le député Insoumis du Nord Ugo Bernalicis, dans ce qui ressemble fort à un appel du pied à Sandrine Rousseau et ses troupes.

Mais très rapidement, cette dernière a tenu à lever toute ambiguïté, sans non plus faire la démonstration d’un enthousiasme débordant. “Vous pouvez compter sur moi pour soutenir la suite de cette aventure”, a-t-elle déclaré, tout en prévenant le vainqueur qu’il ferait mieux de bien considérer son score: “Les gens ne donnent pas une majorité extrêmement large à une écologie qui ne serait pas ambitieuse”.

Malgré cette aigreur à peine dissimulée (Sandrine Rousseau n’est pas restée pour le discours de Yannick Jadot, NDLR), Julien Bayou assure être serein. “Je ne suis pas inquiet, parce qu’au-delà du score, les deux candidats partagent un socle commun de 90%”, souligne le patron des Verts, qui met l’amertume de Sandrine Rousseau sur le dos “de l’immense déception personnelle” que ce genre d’expérience provoque. “Mais elle a été claire dans son discours, c’est le principal”, ajoute le secrétaire national d’EELV.

De son côté, Yannick Jadot a bien compris l’intérêt qu’il y avait à donner des gages aux déçus de cette primaire. “Sandrine Rousseau, Éric Piolle et Delphine Batho vont avoir une place essentielle dans cette campagne”, a-t-il annoncé, abattant sa carte préférée, celle du rassemblement. Reste maintenant à savoir quelles envies fédératrices seront compatibles avec les aspirations radicales de sa concurrente.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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