Primaire écologiste: Face à Rousseau, Jadot met en scène sa radicalité

Favori sur la ligne de départ, l'eurodéputé vert veut se départir de l'image de candidat modéré qui lui colle à la peau.

POLITIQUE - Vous n’avez pas le monopole de la radicalité. Voilà le message que Yannick Jadot cherche à faire passer depuis le premier tour de la primaire écolo et sa qualification pour le second en compagnie de l’écoféministe Sandrine Rousseau.

Les deux sont arrivés en tête, ce dimanche 19 septembre, avec respectivement 27,7 et 25,14% des 106.000 voix exprimées. Une demi-surprise pour l’économiste, ancienne porte-parole d’Europe Écologie-Les Verts, qui aura marqué la campagne au fer vert, à coup de propositions souvent clivantes, essentiellement “radicales.”

Face à elle, l’eurodéputé, favori sur la ligne de départ, peut se targuer de combiner plusieurs qualités. Il a déjà mené une campagne fructueuse pour EELV, celle des Européennes en 2019, et caracole en tête des personnalités écolos les mieux identifiées du grand public, à l’exception de Nicolas Hulot. Suffisant pour attirer les électeurs d’Éric Piolle et de Delphine Batho, les deux principaux candidats éliminés dimanche dernier ?

Jadot, CV radical?

Rien n’est moins sûr. Yannick Jadot pourrait pâtir d’un défaut que lui prêtent adversaires et commentateurs: son positionnement trop centriste face à la “radicalité” assumée de Sandrine Rousseau. “Choisir Yannick Jadot, c’est refaire un Macron! Ils sont différents bien sûr, mais si on ne change pas les pratiques politiques et les gouvernants, rien ne changera”, prévenait par exemple la conseillère de Paris Alice Coffin, une des soutiens de la candidate écoféministe lundi, sur le site d’informations Reporterre.

Dans ce contexte, l’eurodéputé tente de gommer cette réputation. Ou d’arracher le pansement. Il s’attache, en tout cas à mettre en avant son parcours d’écolo ancré à gauche, à travers ses expériences hors du champ politique à proprement parler.

“Je conteste la conception qui est donnée de la radicalité”, s’est-il ainsi exclamé lundi, sur France Inter, avant d’assurer que son programme n’est “pas moins radical” que celui de Sandrine Rousseau. “La radicalité ce ne sont pas des mots: ça fait 30 ans que je suis écolo, j’ai été avec les paysans pour lutter contre le libre-échange, j’ai été avec les femmes opprimées au Bangladesh, j’ai été espionné par EDF, j’ai arraché des OGM”, a-t-il ainsi énuméré en référence, entre autres, à son passage à la direction des campagnes de l’ONG Greenpeace au début des années 2000.

“Dès mon arrivée, (...) je me retrouve accroché à l’ancre d’un navire que vient d’aborder l’équipage du Rainbow Warrior II”, raconte-t-il dans un livre en 2014. Une expérience au sein de l’ONG qui lui vaudra même une condamnation pour “atteinte aux intérêts supérieurs de la nation” après avoir pénétré, en 2005, une base de sous-marins nucléaires dans la rade de Brest pour dénoncer le programme nucléaire français.

“La radicalité, c’est de gagner”

“Je n’ai pas de leçon à recevoir sur la gauche ou la radicalité“, martelait ainsi le principal intéressé, lundi, sur BFMTV avant de se lancer dans une nouvelle litanie: “quand on gagne sur la pêche électrique, c’est radical ou pragmatique? Quand je me bats sur le libre-échange, c’est pragmatique ou radical? Quand je fais en sorte que dans notre pays on défende notre souveraineté numérique, alimentaire, c’est radical ou pragmatique?”

En creux, Yannick Jadot préférerait laisser de côté ce débat lexical. Et ainsi mettre en avant la culture de la victoire qu’il estime entretenir depuis les Européennes de 2019 (13,5%). “La radicalité que je porte c’est de gagner l’élection présidentielle”, expliquait-il encore sur France Inter, lundi, prônant “une écologie qui veut rassembler”, en opposition à celle de Sandrine Rousseau.

Car, pour l’eurodéputé, “quand on veut aller aussi loin, aussi vite, il faut agréger les forces du pays, mettre ensemble toutes les énergies.”

Reste donc à savoir si le CV de l’ancien dirigeant de Greenpeace, et son profil davantage rassembleur seront de nature à convaincre les sympathisants écolos des candidats éliminés au premier tour. Éric Piolle, comme Delphine Batho, chantre de la “décroissance”, n’a pas donné de consigne... laissant s’installer un suspense épais avant le second tour. Chez les écolos, on a rarement le monopole de ses électeurs.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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