La presse européenne examine la surprise Raphaël Glucksmann
“Il a débarqué de nulle part, avec sa voix douce et sa gestuelle délicate.” Personne n’a vu venir Raphaël Glucksmann, écrit le Tages-Anzeiger suisse. “Et il n’affole pas seulement les macronistes” avant les élections européennes du 9 juin. Chez les Verts et l’extrême gauche, on se voit autant menacés. “Il grappille des voix dans tous les partis, ou tout du moins des intentions de vote, hormis à l’extrême droite.” Donné autour de 14 % dans les sondages, quasiment ex aequo avec le camp présidentiel, le candidat de Place publique n’est pas loin de “réaliser une performance mémorable qui bouleverserait le paysage politique français”, pense le quotidien suisse.
Tout va toujours très vite en France, ajoute le quotidien. C’est pourquoi, “même si le principal intéressé appelle à la retenue”, on parle déjà pour lui de l’Élysée.
“Le nouveau grand espoir”
Et pas seulement en France. En Espagne, El Confidencial l’appelle “le nouveau grand espoir de la gauche européenne”, seule alternative crédible parmi les gauches plus ou moins modérées sur le continent. Ses adversaires le détestent. Le traitent de néolibéral ou d’ami d’Israël, explique le site de gauche. Mais “les Français font volontiers l’éloge de personnalités telles que lui, qui ensuite échouent et passent de mode. Mais par son parcours et ses idées, il incarne le rêve d’une gauche modérée.”
Une tendance politique qui compte actuellement beaucoup de déçus, reprend le Tages-Anzeiger. Les électeurs d’Emmanuel Macron, d’une part, mal à l’aise depuis “le virage à droite du président marqué par la réforme des retraites et une ligne dure concernant l’immigration”. Ceux de Jean-Luc Mélenchon, de l’autre, qui voyaient en ce dernier une alternative, “mais qui ne supportent plus sa radicalisation sur les sujets de politique étrangère, surtout depuis les attaques du 7 octobre”.
L’alternative attendue entre Macron et Le Pen
À Londres, aussi, un journaliste du Guardian se dit conquis. Il voit dans Raphaël Glucksmann l’alternative tant attendue entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Parce qu’il “assure, et de façon convaincante, que nombre des priorités de la gauche n’ont vraiment de sens qu’envisagées à l’échelle européenne”, que ce soit dans le domaine de la fiscalité, de l’agriculture ou de l’écologie. Dans les relations extérieures aussi, estime le journaliste d’origine américaine. Il n’y a qu’une Europe unie qui peut faire face, grâce à son marché unique, aux “rouleaux compresseurs économiques que sont la Chine et les États-Unis comme à l’agression russe”. Voilà pourquoi le quotidien de gauche voit dans le 9 juin, pour la gauche française, “une occasion unique de se réaffirmer et de reprendre la main”.
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