Le Médicis étranger couronne Antonio Muñoz Molina

L’auteur espagnol Antonio Muñoz Molina.
L’auteur espagnol Antonio Muñoz Molina.

« Le silence est la pire des choses pour la vie culturelle menacée, en particulier pour la littérature » ont déclaré ensemble les jurys du prix Femina, proclamé le 2 novembre, et du Médicis. Le Médicis étranger vient de consacrer l'Espagnol Antonio Muñoz Molina. Ce dernier appartient à la vaste famille des errants magnifiques, des écrivains arpenteurs des villes, qui savent en convoquer à la fois le fracas incessant et les fantômes. Son précédent roman, Comme l'ombre qui s'en va, investissait Lisbonne sur les traces d'un fugitif désorienté, l'assassin de Martin Luther King. Un promeneur solitaire dans la foule, son nouvel opus, visite plusieurs villes qui ont compté pour lui : Madrid, New York et Paris. Chez lui, la flânerie est un art majeur. « La marche est une ivresse graduelle sans ivresse ni gueule de bois ; un voyage psychédélique plein d'oxygène et de sérotonine ; les sens s'aiguisent au lieu de s'engourdir (?) ». À l'heure où beaucoup de villes du monde vivent au ralenti, ce roman kaléidoscope, follement ambitieux, publié en Espagne en 2018, plonge dans le chaos urbain le plus contemporain. Le narrateur, écrivain double de l'auteur, tente de donner forme à la polyphonie ? voire la cacophonie ? urbaine, à grand renfort de collages, de phrases arrachées au flot de mots qui tissent les villes (publicités aux allures d'injonction, gros titres des journaux, bribes de conversations?). Avec une virtuosité et une poésie folles, Antonio Muñoz Molina fait vi [...] Lire la suite