Les premiers Ukrainiens évacués d'Azovstal à Marioupol racontent l'enfer de ce bunker géant

Une rescapée d'Azovstal réconfortée par une amie à Zaporijjia (photo prise le 3 mai 2022). (Photo: Chris McGrath via Getty Images)
Une rescapée d'Azovstal réconfortée par une amie à Zaporijjia (photo prise le 3 mai 2022). (Photo: Chris McGrath via Getty Images)

Une rescapée d'Azovstal réconfortée par une amie à Zaporijjia (photo prise le 3 mai 2022). (Photo: Chris McGrath via Getty Images)

GUERRE EN UKRAINE - Ils vivaient au rythme des bombardements sur l’important complexe métallurgique Azovstal, situé dans le sud-est de la ville martyre de Marioupol. Une centaine de civils ont finalement pu quitter le week-end dernier ce dédale pris en étau par l’armée russe, où sont également retranchés des soldats ukrainiens.

Depuis leur sortie, après avoir été, pour la plupart, évacués à bord de bus qui ont pris le départ pour Zaporijjia, certains témoignent du calvaire de la survie. L’obscurité, les secousses et le bruit des explosions, le manque de nourriture et d’eau reviennent souvent dans leurs témoignages.

C’est le cas d’Inna Papush, qui s’est confiée au quotidien américain The New York Times. Elle a passé 58 jours dans un bunker avec sa fille de 17 ans, Dasha. “Pour une raison que j’ignore, je me souviens du jour de Pâques”, a-t-elle dit. Nous pensions que ce serait un jour sacré et que [les troupes russes] feraient une trêve.” À la place “les tirs d’obus sont devenus plus nombreux”, selon sa fille. Les appels à la trêve pour la Pâque orthodoxe sont, en effet, restés lettres mortes.

“Nous commencions à avoir faim”

Une autre évacuée de l’usine Azovstal, son bébé de six mois dans les bras, décrit au Guardian des attaques “permanentes”. “Dormir sur des matelas improvisés, être frappée par le souffle des explosions, courir avec votre fils et être projetée au sol par une explosion, énumère Anna Zaitseva. Tout était horrible.”

Au Monde, elle raconte que son bébé “ne se souvenait pas de la lumière du soleil” et qu’elle a eu peur que “le monde [ait] oublié” les habitants de Marioupol. Pour nourrir son bébé au lait en poudre, elle a pu compter sur l’aide des militaires enfermés à Azovstal.

Son fils n’était pas le seul enfant réfugié dans les sous-sols de l’aciérie. “Nous étions 71 personnes, dont dix-sept enfants” enfermées dans l’un des bunkers, raconte Valentina au Monde. “Pour nourrir les enfants, nous rationnions les adultes et nous commencions à avoir faim”, explique, quant à lui au quotidien, Alex, qui a été évacué avec sa femme et son fils.

“Là-bas, c’était impossible de dormir. Les abris tremblaient sous les explosions et les enfants criaient, se remémore Anna, mère d’un petit garçon d’un an et demi. Ces dernières semaines, nous avions l’impression que les bombardements ne s’arrêtaient jamais.”

Elyna Tsybulchenko, employée d’Azovstal, confirme auprès du Guardian. “Ils bombardaient quasiment toutes les secondes... Tout tremblait, déclare la quinquagénaire. Les chiens aboyaient et les enfants criaient.” Mais selon elle, “le moment le plus difficile a été quand on nous a dit que notre bunker ne survivrait pas un tir direct”, avec la crainte que leur abri ne se transforme en “une fosse commune”.

Réfugiée à Zaporijjia, elle raconte à France 24 qu’elle s’est terrée dans le complexe métallurgique après la destruction de sa maison dans un bombardement. Mais comme à la surface de la ville, la nourriture et l’eau potable commençaient à manquer.

Un “assaut puissant” lancé contre Azovstal

“Nous devions économiser la nourriture”, narre Dasha Papush, qui dit s’être “habituée à l’obscurité”. “Les soldats nous ramenaient ce qu’ils pouvaient: eau, nourriture, flocons d’avoine”, ajoute-t-elle. Parfois, les civils eux-mêmes sortaient de leur abri. Sergei Tsybulchenko, 60 ans, confie au New York Times qu’il s’était donné comme tâche, avec d’autres occupants d’Azovstal, de trouver du bois pour se chauffer.

Mais en même temps, il explique que le feu devait être faible. Les personnes confinées dans les bunkers de l’usine avaient peur d’être repérées par les détecteurs thermiques de l’aviation russe.

Tous les rescapés disent leur gratitude d’avoir pu quitter l’usine et Marioupol, pilonnée durant des semaines par les troupes russes. Mais des civils se trouvent encore de la gigantesque usine, selon l’Ukraine. “Il y a des civils encore pris au piège, certains d’entre eux ont peut-être eu peur de sortir, ou n’ont probablement pas pu s’extraire”, a affirmé la coordinatrice humanitaire des Nations unies pour l’Ukraine, Osnat Lubrani.

Marioupol:
Marioupol:

Marioupol: "puissant assaut" russe sur l'usine Azovstal (Photo: Valentina BRESCHI, Sylvie HUSSON / AFP)

Ce mercredi 4 mai, le maire de Marioupol Vadim Boïtchenko a indiqué que de “violents combats” étaient en cours sur le site d’Azovstal. “Nous avons perdu le contact avec les gars, a-t-il affirmé à la télévision ukrainienne. Nous ne pouvons pas savoir ce qui s’y passe, s’ils sont en sécurité ou non”. La veille, un commandant adjoint du régiment Azov avait annoncé que la Russie avait lancé un “assaut puissant” sur le site.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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