Un premier syndicat africain de modérateurs de contenu voit le jour au Kenya

Le lundi 1er mai, dans l’enceinte d’un hôtel de la capitale kényane, entre 150 et 200 modérateurs employés dans le numérique ont voté la création d’un syndicat, sous une pluie d’applaudissements et de confettis, rapporte le magazine Time. “[Ils] se sont engagés à créer le premier syndicat africain de modérateurs de contenu, une décision qui pourrait avoir des conséquences importantes pour les activités de certaines des plus grandes entreprises de la tech.”

“Dénonçant la façon dont les géants de la tech traitent leurs employés, ils se sont réunis pour défendre leurs droits.” Comme le précise le quotidien de Nairobi Nation, les participants à cet “événement sans précédent” étaient tous des employés ou ex-employés de Sama et Majorel, deux sous-traitants de géants du numérique – comme Meta, ByteDance ou encore OpenAI. Chargés de la modération sur Facebook, TikTok et ChatGPT, ils repèrent et suppriment les contenus inappropriés, publiés dans 14 langues africaines.

En première ligne contre les contenus nuisibles

Depuis plusieurs mois, le problème des conditions de travail de ces petites mains de la tech s’impose dans le débat public. Outre une charge de travail importante et des salaires faibles, beaucoup de modérateurs ont dénoncé les conséquences psychologiques de leur activité.

Le Time explique qu’un tournant s’est opéré avec l’action en justice menée par le Sud-Africain Daniel Motaung : ancien employé de la société Sama, il a lancé des poursuites contre Meta, qu’il accuse de ne pas avoir fourni d’aide psychologique aux employés exposés à des contenus violents. Il assure par ailleurs avoir été licencié pour avoir entrepris de créer un syndicat en 2019.

Alors que la justice kényane a ouvert la voie à la tenue d’un procès sur son sol, l’intéressé a pris la parole lors du rassemblement du 1er mai. “Les modérateurs de contenu paient [la situation] de leur vie. […] Ils constituent la première ligne de défense contre les contenus nuisibles mais travaillent dans des conditions dangereuses sans avoir le salaire qui va avec. Ils manquent cruellement de soutien pour leur santé mentale, n’ont pratiquement pas de sécurité de l’emploi, et certains se sentent réduits au silence par des accords de confidentialité draconiens”, a-t-il déclaré, cité par Nation.

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