Le premier Pulitzer du rap, vrai miracle ou chimère ?

Kendrick Lamar, au festival Coachella, en Californie, le 13 avril.

Kendrick Lamar a obtenu le prix Pulitzer dans la catégorie musique pour «Damn.». Une distinction incontestable mais qui soulève des questions.

Lundi, le prix Pulitzer dans la catégorie musique a été remis à Kendrick Lamar pour Damn., son quatrième album, paru en avril. L’honneur, symbolique à plus d’un titre, fait qu’il ne devient pas seulement le premier artiste de rap à le recevoir, mais le premier musicien récompensé à exercer sa voix en dehors des champs du jazz et de la musique classique. Avant lui, la dernière évolution majeure du Prix remontait à 1997, quand le trompettiste et compositeur Wynton Marsalis devenait le premier jazzman à le recevoir depuis la création de la catégorie musique en 1943, corrigeant une erreur vieille de trois décennies quand on refusa à Duke Ellington une «mention spéciale» en 1965, et permettant à Ornette Coleman d’être honoré en 2007 pour son album Sound Grammar.

Le comité du Pulitzer, au sein duquel siège notamment l’écrivain américain d’origine dominicaine Junot Díaz, a annoncé vouloir récompenser «un recueil de chansons virtuose, unifié par une authenticité vernaculaire et un dynamisme rythmique offrant des vignettes émouvantes qui capturent la vie afro-américaine moderne dans toute sa complexité». Un peu partout dans le monde médiatique anglo-saxon, on s’est enthousiasmé, à raison, pour la récompense. Lenard McKelvey alias Charlamagne Tha God, animateur de la matinale radio de référence du rap américain The Breakfast Club, s’est dit «inspiré» de voir «K Dot» rejoindre August Wilson, Toni Morrison ou Alex Haley dans la liste des artistes afro-américains précédemment récompensés.

«Real news»

Mais la distinction, qui fait suite à une pluie de Grammy Awards en 2016 et 2018 pour les albums To Pimp a Butterfly et Damn., ravive aussi le spectre de ce bon vieux «tokenism», forme typiquement américaine et hypocrite de discrimination positive qui consiste à inclure un seul représentant, si possible consensuel, d’une minorité pour se (...) Lire la suite sur Liberation.fr

Nigeria : à Lagos, les musiciens virent leur Kuti
Daniel Avery, la techno en quête de hauteur
Tim Bernardes, recommencer le Brésil
Les volutes «indie» de New Delhi
Le son du jour #260 : naturel comme Sign Libra