Première visite en Russie d'un monarque saoudien

Le roi Salman d'Arabie saoudite (photo) est attendu jeudi à Moscou pour ce qui sera la première visite en Russie d'un monarque saoudien. /Photo prise le 4 octobre 2017/REUTERS/Sergei Karpukhin

RYAD (Reuters) - Le roi Salman d'Arabie saoudite est attendu jeudi à Moscou pour ce qui sera la première visite en Russie d'un monarque saoudien. Au menu de ce déplacement d'importance, devraient figurer en première ligne la coopération en matière de pétrole - les deux pays sont les deux premiers exportateurs de brut de la planète - mais aussi la guerre en Syrie et l'Iran. Plusieurs accords commerciaux devraient être signés, notamment sur un projet russe dans le domaine du gaz naturel liquéfié (GNL), ArctiC LNG-2 prévu après 2020, et sur la construction d'usines pétrochimiques dans les deux pays. Ryad et Moscou envisagent en outre la mise en place d'un fonds doté d'un milliard de dollars pour investir dans des projets énergétiques, dans le cadre du renforcement de la coopération bilatérale dans ce secteur. En janvier dernier, l'Arabie saoudite et la Russie ont joué un rôle moteur dans la conclusion d'un accord entre pays membres et non membres de l'Opep pour réduire la production afin de relever les cours du pétrole sur le marché mondial. Dans ce contexte, les entretiens que le roi Salman aura au Kremlin avec le président russe, Vladimir Poutine, seront suivis de près par les acteurs du marché mondial des hydrocarbures. L'accord de janvier expire normalement en mars prochain. S'il y a convergence de vues dans le domaine du pétrole, ce n'est pas le cas avec la Syrie. L'Arabie saoudite soutient les rebelles opposés au président Bachar el Assad quand Moscou appuie militairement le régime de Damas depuis deux ans. Géopolitiquement, cela fait de Moscou un allié sur place de l'Iran chiite, dont le pouvoir régional inquiète les Saoudiens. "Les Saoudiens veulent qu'on les aide face à l'Iran et la Russie souhaite plus de commerce et d'investissements", explique Mark N. Katz, spécialiste des relations Russie-Moyen-Orient à l'Université George Mason (Virginie). "Pour les Saoudiens, les deux choses sont tout à fait liées mais les Russes vont tenter de les séparer." Le Kremlin voit dans la venue du monarque saoudien la reconnaissance de son influence croissante sur la scène diplomatique au Moyen-Orient. "Il y a à peine douze mois, Ryad critiquait encore sévèrement le rôle de la Russie en Syrie et les relations entre les deux pays paraissaient gelées comme jamais", note Chris Weafer, du cabinet de consultants Macro-Advisory Ltd. "Aujourd'hui, c'est un virage à 180°. Les deux pays voient des avantages politiques et économiques à entretenir des liens plus proches, même s'il s'agit de pragmatisme", ajoute-t-il. "Cette visite vise à faire en sorte que cela dure". (Stephen Kalin, avec Andrew Osborn à Moscou; Gilles Trequesser pour le service français)