"Première étape" de la mobilisation contre la réforme du Travail

Les opposants à la réforme du Code du travail ont lancé mardi leur première journée de mobilisation organisée par la CGT qui espère agréger les mécontentements et déclencher une dynamique contre l'un des premiers chantiers du quinquennat Macron. /Photo prise le 30 août 2017/REUTERS/Charles Platiau

PARIS (Reuters) - Les opposants à la réforme du Code du travail ont lancé mardi leur première journée de mobilisation organisée par la CGT qui espère agréger les mécontentements et déclencher une dynamique contre l'un des premiers chantiers du quinquennat Macron. La CGT a recensé près de 200 manifestations à travers le pays, dont une à Paris entre la place de la Bastille et place d'Italie, ainsi que plus de 4.000 appels à la grève. Des préavis ont été déposés dans les secteurs des transports, de l'énergie, de la santé et de l'éducation. Le ministère de l'Education nationale a fait état d'une participation de 3,02% au mouvement de grève. Les contestataires dénoncent un projet de réforme qui, selon eux, détricoterait le droit du Travail en cédant face aux revendications du patronat. Pour le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, la mobilisation de mardi n'est que la première étape d'un processus, une nouvelle manifestation étant d'ores et déjà prévue par le syndicat le 21 septembre, la veille de la présentation des ordonnances au conseil des ministres. "Nous on pense qu'il faut réformer le droit du travail, mais pas pour retirer des droits aux salariés et aux travailleurs", -t-il dit au début du cortège parisien, ajoutant ne pas vouloir d'une "réforme qui donne les pleins pouvoir au patronat." La mobilisation de mardi devrait être de bon niveau, si l'on en juge par les premiers chiffres de la mobilisation. Près de 7.500 manifestants, auxquels s'est joint le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, ont défilé à Marseille selon la police, 60.000 selon la CGT. BRAS DE FER "Monsieur Macron a bien compris que c'était un bras de fer, il l'a voulu. Et maintenant c'est à nous de relever le défi", a t-il déclaré au début du cortège marseillais, assurant que le gouvernement reculerait sur les ordonnances. Il en a profité pour inviter les participants à la manifestation du 23 septembre organisée par son parti à Paris. A Lyon, la police a compté 4.000 personnes dans le cortège, qui s'est ébranlé dans une ambiance tendue, la police isolant un groupe d'une centaine de jeunes anarchistes en vue de contrôler leurs identités et faisant usage de gaz lacrymogène. A Bordeaux, 4.850 personnes selon la préfecture, 12.000 selon les organisateurs, ont battu le pavé. Dans le cortège, on pouvait entendre "Macron t'es foutu, les fainéants sont dans la rue", en référence aux propos du président de la République sur les "fainéants" qui veulent selon lui l'immobilisme. Cette déclaration a suscité de vives critiques des organisations syndicales et de l'opposition. Le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, et le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, ont toutefois répété mardi qu'ils étaient déterminés à mener à bien la réforme, malgré le mouvement de contestation. Ce mouvement est soutenu par la FSU, Solidaires, ainsi qu'une large partie des unions départementales et fédérations de Force ouvrière, malgré l'avis défavorable de leur secrétaire général, Jean-Claude Mailly. DES MANIFESTANTS DE TOUS HORIZONS D'autres organisations sont aussi venues gonfler les rangs des différents cortèges, comme le syndicat étudiant l’UNEF, les Jeunes socialistes et les Jeunes écologistes pour qui les mesures vont "affecter en premier lieu les jeunes". On trouve également le Syndicat de la magistrature, très opposé à l’instauration d'un barème encadrant les indemnités prud'homales en cas de licenciement abusif, ainsi que le syndicat de police VIGI, venu manifester contre les coupes budgétaires au ministère de l'Intérieur. Les directions de la CFDT, FO, la CFE-CGC et la CFDT n'ont pas souhaité se joindre au mouvement, préférant réserver leurs forces en vue des prochaines concertations, notamment sur l'assurance chômage, mais des fédérations FO étaient présents. Au plus fort des manifestations de 2016 contre la loi Travail, on comptait plus de 400.000 personnes dans les rues, selon le ministère de l'Intérieur. Ajoutant aux perturbations, les forains ont bloqué en matinée plusieurs axes routiers dans la capitale, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, au sud de Lyon et près de Strasbourg. Ils s'opposent à une ordonnance du mois d'avril, sans rapport avec la réforme du Code du travail, qui demande aux municipalités de lancer des appels d'offres pour tous les espaces publics d'animation. (Simon Carraud et Caroline Pailliez, avec Service France, édité par Yves Clarisse)