Présidentielle de 1974 : « Giscard de vous à moi », rappelle à quel point l’image était déjà importante

Valéry Giscard d'Estaing, alors candidat UDF à l'élection présidentielle de 1974.
Jacques Haillot via Getty Images Valéry Giscard d'Estaing, alors candidat UDF à l'élection présidentielle de 1974.

POLITIQUE - Il est l’un des premiers à avoir dépoussiéré la communication politique. Il y a 50 ans jours pour jour, Valéry Giscard d’Estaing devenait le troisième président de la Ve République. Pour l’occasion France 5 propose une soirée spéciale, ce dimanche 19 mai, et diffuse deux documentaires inédits.

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En visionnant Giscard, de vous à moi - Les confidences d’un président, Le HuffPost a pu constater à l’époque, déjà, les enjeux d’images étaient capitaux. VGE avait accepté peu avant sa mort à 94 ans le 2 décembre 2020, de se confier devant la caméra (comme à son habitude) au journaliste Patrice Duhamel. Il remonte le temps et retrace les moments clés de son septennat, au cours duquel il a toujours veillé à garder le contrôle de son image.

Le documentaire, parsemé d’archives dont certaines dévoilées pour la première fois, raconte avec Denis Podalydès en voix off, comment l’ancien chef d’État a transformé le rapport des présidents aux médias. Dès son arrivée au pouvoir, l’ancien ministre des Finances a par exemple imposé un rendez-vous mensuel avec les Français devant le petit écran.

Un président moderne

Valéry Giscard d’Estaing tenait aussi à se donner l’image d’un président ancré dans la société. Ainsi, tous les deux mois, il se rendait avec épouse Anne-Aymone chez des Français pour dîner avec eux. « Je me suis dit, “quand j’étais député en Auvergne, je dînais chez les gens, j’allais chez eux, on parlait. Pourquoi je ne le ferais pas comme président ?” » raconte-t-il.

L’ex-ministre de De Gaulle redouble aussi d’inventivité pour marquer la rupture avec ses prédécesseurs et s’affirmer comme un président moderne sur le fond comme sur la forme. Il confie à Jacques Henri Lartigue la responsabilité de sa photo officielle.

Photo officielle Valéry Giscard d’Estaing
La Documentation française. Photo officielle Valéry Giscard d’Estaing

Le choix du « Peintre des fleurs et des femmes » comme le surnomme la presse des années 50, surprend. De même que le cliché où VGE pose pour la première fois en costume de ville - là où les autres optaient pour un costume en queue-de-pie - en extérieur et en format horizontal.

« Le monopole du cœur »

Au-delà des images, Valéry Giscard d’Estaing voulait aussi choisir les mots avec soin. Comme lorsqu’au milieu du débat télévisé d’entre-deux tour de 1974 face à François Mitterand, il lance une réplique devenue culte : « Vous n’avez pas le monopole du cœur ». Dans ses mémoires, Le Pouvoir et la vie, il dira même que c’est cette phrase lui a permis de remporter l’élection. Ce soir-là plus de 20 millions de Français étaient devant leur poste de télévision.

Dans le documentaire, il revient sur le moment. « Il (François Mitterand NDLR) s’est lancé dans une tirade, ça a fini par m’énerver et je l’ai interrompu. Ça l’a complètement estomaqué, il était dans une posture rhétorique et tout à coup il reçoit un coup qui l’interrompt (...). Il m’a dit par la suite : “c’est à ce moment-là que j’ai perdu l’élection” ».

Les coulisses du fameux « Au revoir » de Giscard

Sept ans plus tard, la roue a tourné et c’est François Mitterand qui est élu président. Après sa défaite, VGE veut mettre ses adieux aux Français. Il ne se doutait pas que la séquence serait à ce point commentée et traverserait les décennies. À l’issue de son allocution, il dit « au revoir », se lève laissant à l’écran une chaise vide, se dirige vers la sortie de la pièce cadrée dans un plan d’ensemble d’environ une (très longue) minute trente, tandis que la Marseillaise retentit.

«J’étais dans la salle des fêtes de l’Élysée et j’avais en effet l’idée de visualiser le départ (...). Je m’étais dit : “je vais me lever et partir”. Je n’avais pas vu que l’on avait disposé la table aussi loin de la porte » relate Valéry Giscard d’Estaing. Des années après, il m’amusait toujours de voir que « ce petit trajet » avait « passionné les médias ».

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