Moscou accuse Kiev de provocation, Berlin demande le retrait des troupes russes

MOSCOU ACCUSE KIEV DE PROVOCATION, BERLIN DEMANDE LE RETRAIT DES TROUPES RUSSES

par Thomas Escritt et Tom Balmforth

BERLIN/MOSCOU (Reuters) - La chancelière allemande Angela Merkel a demandé jeudi au président russe Vladimir Poutine de retirer les forces russes déployées récemment près de la frontière avec l'Ukraine, alors que le Kremlin a de son côté accusé Kiev de mener des "actions provocatrices" dans la région.

L'Ukraine a alerté sur le fait que la Russie massait des troupes à la frontière entre les deux pays, s'inquiétant d'une multiplication des violences le long de la ligne de contact qui sépare les forces gouvernementales des miliciens séparatistes.

Faisant part d'un entretien téléphonique entre Angela Merkel et Vladimir Poutine, le gouvernement allemand a indiqué que la chancelière a demandé que soit allégé le déploiement des forces russes dans les alentours de la frontière orientale ukrainienne "afin de permettre une désescalade".

Moscou assure que ses troupes ne constituent aucune menace et ont uniquement un objectif défensif, mais qu'elles resteront déployées tant qu'il le jugera nécessaire dans le Donbass, théâtre d'un regain de tensions entre l'armée gouvernementale et les séparatistes prorusses en conflit depuis 2014.

A Washington, la porte-parole de la Maison blanche a indiqué que les Etats-Unis étaient de plus en plus préoccupés par ce qu'ils considèrent comme une escalade de l'agression russe dans l'est de l'Ukraine. Jen Psaki a ajouté devant les journalistes que les mouvements des forces russes faisaient l'objet de discussions entre Washington et ses alliés de l'Otan.

Le Kremlin a rejeté la théorie avancée par Kiev selon laquelle ces mouvements de troupes sont destinés à détourner l'attention de plusieurs problèmes en Russie, dont la polémique autour de l'emprisonnement de l'opposant Alexeï Navalny en amont des élections législatives de septembre.

"Cela n'a rien à voir avec un quelconque détenu ou autre", a déclaré à Reuters le porte-parole de la présidence russe, Dimitri Peskov.

Il a ajouté que Moscou devait réagir avec prudence dans une région "turbulente", dénonçant les avancées de l'Ukraine près de la frontière avec l'"hypothèse de nouvelles hostilités".

Un haut représentant du Kremlin a déclaré que la Russie pourrait être contrainte de protéger ses citoyens dans le Donbass et que d'éventuels combats féroces marqueraient le début de la fin de l'Ukraine en tant que pays.

Dans un communiqué rapportant l'entretien entre Vladimir Poutine et Angela Merkel, le Kremlin a déclaré que le président russe avait "noté les actions provocatrices de Kiev, qui envenime volontairement la situation le long de la ligne de contact".

Le président ukrainien Volodimir Zelenski s'est rendu jeudi dans le Donbass, indiquant sur Twitter vouloir "être avec nos soldats en cette période difficile dans le Donbass. Je me rends sur les lieux de l'escalade".

Selon l'un de ses conseillers, le chef d'Etat ukrainien souhaite "évaluer la situation directement sur le terrain".

Volodimir Zelenski a appelé mardi l'Otan à accélérer le processus d'adhésion de son pays à l'Alliance, s'attirant une réponse immédiate de la Russie, qui a estimé que cette volonté de rapprochement de Kiev avec le bloc occidental ne pourrait qu'enflammer davantage la situation.

(Andrey Ostrouk à Moscou, Thomas Escritt à Berlin, avec Steve Holland à Washington; version française Jean-Stéphane Brosse, Myriam Rivet et Jean Terzian)