Les préfets, remparts de la République une et indivisible

La place Claude-Érignac à Ajaccio, où le préfet a été assassiné le 6 février 1998.   - Credit:LUDOVIC MARIN / POOL / AFP
La place Claude-Érignac à Ajaccio, où le préfet a été assassiné le 6 février 1998. - Credit:LUDOVIC MARIN / POOL / AFP

On oublie la France quand on la croit éternelle. Ses régions, sa langue, sa République, ses citoyens, bref cette unité et cette forme sont des habitudes. Il ne viendrait à l'esprit de personne de l'imaginer amputée d'un de ses territoires, polyglotte ou, pire, fédérale. Les principes de la République et sa géographie sont liés : les uns ne peuvent fonctionner sans l'autre dans la mesure où les premiers justifient la seconde. Voilà pourquoi l'assassinat du préfet Érignac, il y a vingt-cinq ans, a ouvert des plaies béantes, suscité des interrogations auxquelles personne n'est, aujourd'hui encore, capable de répondre : la France, telle qu'on l'entend depuis la Révolution, peut-elle survivre à la dislocation ?

Poser la question, c'est y répondre. Les faits sont là : Paris concentre les haines de sa province. Elle passe pour être la ville des ministres, des milliardaires, des élites prétendument déconnectées. Oui, Paris ne parle plus à personne, aux Parisiens peut-être, et encore. Cette situation, tolérable dans un régime fédéral, n'est pas tenable dans un régime centralisé dans la mesure où le centre irradie, ruisselle, enveloppe son entourage jusqu'à s'y confondre. On peut être en désaccord avec ce principe, mais il est impossible de nier qu'il est le cœur de nos institutions.

La « décentralisation » du pouvoir

Les préfets ne sont pas seulement des fonctionnaires, ni d'ailleurs des hauts fonctionnaires, ils sont la raison d'être de la centralisation imaginée sou [...] Lire la suite