Préférendum : le mot dont vous allez entendre parler en cette rentrée politique

Image d’illustration - Le référendum sur l’indépendance de la Nouvelle Calédonie, le 12 décembre 2021  (Photo by Theo Rouby / AFP)
Image d’illustration - Le référendum sur l’indépendance de la Nouvelle Calédonie, le 12 décembre 2021 (Photo by Theo Rouby / AFP)

POLITIQUE - « On pourrait même faire un préférendum… Alors, pour les Français qui nous regardent ils se disent ’qu’est-ce que c’est que ce truc ?’ ». Le mot de la rentrée politique a été lâché ce lundi 28 août par Olivier Véran, sur le plateau de BFMTV. Le porte-parole du gouvernement, également chargé du Renouveau démocratique auprès de la Première ministre développe : « c’est un concept qui nous permettrait de poser plusieurs questions le même jour ».

Le terme « préférendum » vient du latin « praeferendum » qui signifie : « ce qui doit être préféré ». Utilisé en biologie, il désigne, selon Wikipédia, « la température, pour laquelle un organisme vivant (...) peut atteindre son développement optimum ». En politique, il se rapproche de cette définition et semble avoir été mis sur la table par l’exécutif pour tenter de faire tomber la température de la rentrée et retrouver de l’apaisement.

Éviter le référendum « pour » ou « contre » Macron

Ce mercredi 30 août, Emmanuel Macron réunit au lycée de la Légion d’honneur les onze chefs de partis politiques représentés au Parlement. Jordan Bardella, Manuel Bompard, Marine Tondelier, François Bayrou… Tous sont invités à plancher sur des sujets nationaux (pouvoir d’achat, intégration, institutions…) Et internationaux. La question du préférendum, innovation démocratique jamais utilisée en France pourrait être à l’ordre du jour.

De quoi s’agit-il ? « Pour le ministre, il s’agit d’un référendum portant sur plusieurs questions, avec plusieurs urnes, plusieurs votes et plusieurs bulletins ’oui’ ou ’non’ », précise son entourage au HuffPost, en amont de ces discussions. « Le reproche qu’on fait souvent au référendum (...) c’est que les Français vont voter pour ou contre celui qui pose la question. Peut-être qu’en posant plusieurs questions, les gens vont pouvoir se lâcher sur un item et répondre sur le fond pour les autres », espérait Olivier Véran lundi au micro de BFMTV.

Des appréciations pour remplacer le « oui » ou le « non » ?

À ne pas confondre avec une autre forme de « préférendum » possible, imaginée par deux chercheurs du CNRS et soutenue en France par l’association « Mieux voter » qui vise à appliquer aux questions référendaires le « jugement majoritaire ». Utilisée par la primaire populaire pour tenter d’imposer un candidat unique à gauche lors de la dernière élection présidentielle, cette modalité vise à ne pas voter « pour » ou « contre » mais de faire un classement par ordre de préférence.

On ne répondrait donc non pas par « oui » ou « non » à la question posée, mais plutôt par des appréciations « excellent », « passable », « insuffisant », afin de rendre moins clivant le débat et d’éviter de voter pour ou contre Emmanuel Macron. On peut même proposer plusieurs réponses pour un même sujet et les noter chacune selon ces mentions, afin d’éviter les réponses binaires et d’apporter de la nuance.

Plusieurs référendums le même jour ?

À ce stade, ce n’est pas à cette façon de procéder que pensait Olivier Véran, même si certains au sein de la majorité semblent avoir compris qu’il s’agissait de cette méthode, ce qui démontre le grand flou qui règne encore sur la question. C’est le cas de Renaud Muselier, président de la région Sud, sur Sud Radio, le 29 août : « Un préférendum, c’est un référendum dans lequel vous cochez des propositions. Un référendum normalement c’est ’oui’ ou ’non’. Là, ce serait ’plutôt oui’, ’non’, ’peut-être’, ’je m’abstiens’, ’ça ne m’intéresse pas’... », tente-t-il d’expliquer tout en prévenant des risques d’inconstitutionnalité de cette méthode pas prévue dans les textes. « La constitution autorise à poser plusieurs questions le même jour », a au contraire rappelé Olivier Véran mercredi 30 août à la sortie du conseil des ministres, à propos de son initiative, alors que rien n’a encore été arbitré en haut lieu.

Depuis sa première élection en 2017, Emmanuel Macron a souvent évoqué la piste d’un référendum, sans jamais l’utiliser. Dans son interview au Point le 23 août, il ouvre à nouveau la voie à des référendums après cette « initiative politique d’ampleur ». « Encore faudrait-il savoir sur quels sujets… », confiait, devant quelques journalistes dont Le HuffPost mardi, un ministre sceptique.

Au rendez-vous de la Légion d’honneur en Seine-Saint-Denis, les oppositions, elles, sont venues avec des idées de référendums : l’immigration pour LR et le RN ; les retraites pour la Nupes. Personne n’a encore parlé de préférendum, encore faudrait-il savoir duquel on parle.

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