« La plus précieuse des marchandises » de Hazanavicius, un conte vu à Cannes qui n’oublie rien des horreurs de la Shoah

« La plus précieuse des marchandises » est à retrouver au cinéma au mois de novembre.
Studiocanal « La plus précieuse des marchandises » est à retrouver au cinéma au mois de novembre.

CINÉMA - Raconter la Shoah avec délicatesse, sans rien omettre de ses horreurs. C’est le pari (réussi) de Michel Hazanavicius qui, ce vendredi 24 mai, est venu présenter lors du 77e Festival de Cannes son nouveau long-métrage La plus précieuse des marchandises, premier film d’animation en compétition depuis quinze ans.

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Son histoire, qui nous plonge en Pologne en pleine Seconde Guerre mondiale, c’est celle de « pauvre bûcheron » et « pauvre bûcheronne ». Plusieurs années après la perte précoce de leur enfant, pauvre bûcheronne ne rêve toujours que d’une chose : redevenir maman.

Un beau jour, alors qu’elle passe à côté du chemin de fer sur lequel passe quotidiennement le train qui emmène les Juifs vers les camps de la mort, elle entend un bruit. C’est un cri. Pas n’importe lequel. Ce sont des pleurs de bébé. Là, dans la neige. Il a été jeté d’un wagon en plein vol par son père. Pauvre bûcheronne n’hésite pas une seconde avant de le récupérer et de le ramener à la maison.

Une décision qui ne semble pas être du goût de son époux. Cette petite fille est l’enfant d’un Juif, un « sans-cœur », comme il les appelle. Hors de question qu’elle reste à la maison. « Si les dieux du train m’ont confié cette marchandise, ce n’est pas pour qu’elle meure. Elle vivra », assure pauvre bûcheronne, bien décidée à l’élever.

À quel prix ? Dans le contexte antisémite de l’Europe des années 1940, pauvre bûcheronne, illettrée et sans le sou, va devoir affronter une série de rudes épreuves avec sa fille adoptive, tandis que dans le camp d’extermination où il a été envoyé, le père biologique de l’enfant vit, lui, le pire des cauchemars.

À la mémoire des Justes

Adapté du roman éponyme de Jean-Claude Grumberg, le film de Michel Hazanavicius met en images bien des atrocités de la Shoah, comme en témoignent plusieurs dessins représentant des corps morts horrifiés qui s’entassent les uns sur les autres. On y voit aussi la tristesse et la détresse des Juifs déportés, ou y entend certains des discours les plus racistes de l’époque.

Et pourtant, La plus précieuse des marchandises ne se cantonne pas à ça. C’est un conte. « Ce n’est pas une histoire sur l’horreur, ou sur les camps, ça transcende cela, estime le réalisateur dans les notes de production. C’est un mouvement des ténèbres vers la lumière, c’est une histoire lumineuse, qui révèle ce que l’homme - et en premier lieu la femme - a de meilleur. »

Il précise : « C’est une pulsion de vie, et si le film appelle à se souvenir de quelque chose ou de quelqu’un, c’est des Justes. Ces hommes et ces femmes qui ont sauvé des vies au péril de la leur. C’est eux que le film célèbre. » Michel Hazanavicius n’entend pas faire un travail de mémoire, mais dit être fier de « porter un film qui porte une voix humaniste, apaisée et pacifique ». C’est à voir au cinéma, en novembre prochain.

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