Précarité : Les Restos du cœur alertent sur une situation « jamais connue »

La nouvelle campagne d’hiver des Restos du coeur, qui commence lundi 21 novembre, s’annonce particulièrement compliquées alors que le nombre de bénéficiaires augmente et que l’association à de plus en plus de mal à recruter des bénévoles.
JEFF PACHOUD / AFP La nouvelle campagne d’hiver des Restos du coeur, qui commence lundi 21 novembre, s’annonce particulièrement compliquées alors que le nombre de bénéficiaires augmente et que l’association à de plus en plus de mal à recruter des bénévoles.

PRÉCARITÉ - Augmentation du nombre d’inscrits, précarité qui touche de plus en plus de monde et inflation record… Patrice Douret, le président des Restos du cœur, ne cache pas son inquiétude à l’aube de l’ouverture de la campagne d’hiver de l’association créée par Coluche pour nourrir les plus démunis.

« C’est une situation que l’on n’a jamais connue aux Restos du cœur. (...) Avec cette succession de crises, d’abord sanitaire puis économique et climatique, l’année s’annonce très particulière », prévient-il dans une interview au Parisien publiée ce samedi 19 novembre, deux jours avant le lancement de la campagne.

Depuis avril, et « avant même le début de l’inscription des bénéficiaires pour la campagne d’hiver », l’association a constaté une augmentation de 12 % du nombre d’inscrits. « On compte aussi 15 % de familles supplémentaires », souligne Patrice Douret, ainsi qu’une « augmentation de 25 % de la présence des jeunes enfants de 0 à 3 ans ». Des chiffres qui l’inquiètent « au plus haut point ».

Les mères monoparentales sont notamment surreprésentées. « Ce sont des personnes qui font face à une hausse importante des prix de produits essentiels comme les couches, les petits pots, analyse-t-il. Elles doivent arbitrer entre un litre de lait et un litre d’essence donc elles n’ont plus le choix de rien. En fait, l’inflation vient aggraver la situation des gens qu’on accueillait déjà ».

« Avant, les enfants étaient prioritaires »

Selon Patrice Douret, de plus en plus de bénéficiaires sont d’ailleurs obligés de « compléter l’aide des Restos du cœur » au moyen « d’autres associations ou même des maraudes de rues ». Le président de l’association déplore également l’augmentation du nombre d’enfants dans la rue : « Avant, les enfants étaient prioritaires, mais le 115 est saturé, alors certains ne le sont plus. »

Déjà confrontés à une augmentation de 15 à 20 % de leurs dépenses depuis le mois d’avril dernier, les Restos du cœur voient encore la situation aggravée par des difficultés de recrutement. « Parmi nos bénévoles, il y a beaucoup de gens modestes qui donnent (...).  Quelle sera leur possibilité demain de continuer à nous accompagner ? Je n’en sais rien », déplore Patrice Douret. D’autres, confrontés à l’augmentation du prix de l’essence, « peuvent de moins en moins faire dix ou quinze kilomètres pour venir nous aider, surtout en zone rurale », souligne-t-il, toujours auprès du Parisien.

Pour redresser la barre, le président des Restos du cœur réclame du gouvernement qu’il transforme « la réduction d’impôts » accordée aux bénévoles en un « crédit d’impôt », plus avantageux fiscalement. « Ce serait une dépense publique, certes, mais surtout un investissement social », appuie-t-il, rappelant que « sans bénévoles, le pays ne peut pas tenir ».

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