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Il faut réduire la dette grecque : on ne trouvera pas d’autre issue au dédale où l’on se perd depuis des années. La droite européenne, Allemagne en tête, s’y refuse. Les têtes dures de la finance, comme Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, grand prêtre d’une politique d’austérité qui a conduit l’Europe dans le mur, s’accrochent à leurs dogmes, tels des talibans en costume-cravate. Ils craignent d’instaurer un précédent dangereux et poussent au «Grexit». Ils oublient un détail : si la Grèce quitte le système, pourquoi se soucierait-elle de rembourser ? Quand l’Argentine s’est trouvée dans une situation analogue, elle a imposé à ses créanciers une perte de 50 %…

La réduction est nécessaire pour trois raisons :

1. Pour rembourser, la Grèce devrait y consacrer l’essentiel de ses forces pendant des décennies, obérant sa croissance et condamnant ses jeunes générations à un avenir de misère. Faut-il rappeler que Keynes a fait son entrée dans le débat mondial en démontrant que les réparations exigées de l’Allemagne après 1918 étaient impossibles à financer et qu’elles risquaient de déstabiliser tout un continent ? De ce point de vue, la Grèce est une petite Allemagne…

2) Fort de l’appui de son peuple, Aléxis Tsípras ne pourra rien accepter si cette question est laissée de côté.

3) Dans la négociation, des acteurs européens (la Commission, la France…) avaient ouvert cette porte pour tenter de débloquer la situation. Il suffit de reprendre la discussion là où elle était. Elle devrait d’ailleurs s’élargir à l’ensemble des dettes souveraines, comme le propose Thomas Piketty. La dette plombe l’économie européenne. Quand un boulet vous entraîne vers le fond, il faut s’en délester.



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