Présidentielle: Avec le Beauvau, Macron dévoile le volet "sécurité" de son programme

Avec le Beauvau, Macron (ici le 14 septembre à Roubaix en train de serrer la main de Xavier Bertrand) dévoile le volet
Avec le Beauvau, Macron (ici le 14 septembre à Roubaix en train de serrer la main de Xavier Bertrand) dévoile le volet

POLITIQUE - Allô la police? Le président de la République a présenté les conclusions du “Beauvau de la sécurité” ce mardi 14 septembre à Roubaix, dans les Hauts-de-France, multipliant les promesses et autres preuves d’amour à l’égard des forces de l’ordre.

Rien d’inhabituel, en soit. Ce discours, organisé dans le fief, et en présence de Xavier Bertrand, l’un de ses principaux concurrents dans la course à l’Élysée, aura permis à Emmanuel Macron de marteler son plein soutien aux forces de l’ordre et de dévoiler les mesures qu’il entend mettre en place d’ici la fin de son quinquennat. Mais ce n’est pas tout.

S’exprimant pendant plus d’une heure, le chef de l’État a également donné sa vision à long terme des transformations ou des “révolutions” auxquelles gendarmerie et police nationale devront se plier. “On ne peut pas mener nos politiques de sécurité à l’embardée, aux émotions”, a-t-il ainsi fait valoir, insistant à plusieurs reprises sur le “temps long”.

Plusieurs chantiers pour une “police de 2030”

Un temps de second mandat et d’après 2022? Emmanuel Macron a en tout cas jeté les bases à Roubaix, de ce qui pourrait être le volet sécurité de son futur programme. Au-delà des mesures plus ou moins immédiates, comme la mise en circulation de nouveaux équipements, le renouvellement du parc automobile, la révision du schéma du maintien de l’ordre ou la généralisation des amendes forfaitaires, le locataire de l’Élysée a annoncé l’ouverture de plusieurs chantiers... dont les résultats ne sont pas attendus pour tout de suite.

Le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti est ainsi chargé de se pencher sur une “simplification drastique” de la conduite des enquêtes, dans le cadre des États généraux de la justice -dont on ne connait pas encore la date de lancement. Il a 30 jours pour ”élaborer un bilan et faire des propositions pour améliorer le travail des enquêteurs et des magistrats.”

“Vous vous épuisez à respecter des procédures hors d’âge”, a lancé Emmanuel Macron à l’adresse du parterre de forces de l’ordre qui l’écoutait, annonçant qu’il allait proposer “d’ici trois mois”, des “ajustements concrets de ces procédures.” Une des revendications des syndicats.

Nous porterons une loi de programmation pour la sécurité intérieure qui couvrira tout le champ d'action de la Place Beauvau. Le but est de penser la police et la gendarmerie de 2030Emmanuel Macron

Plus globalement, le chef de l’État a demandé à son ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin de plancher sur une loi de programmation de la sécurité intérieure (Lopsi). En d’autres termes: un texte qui permettra, selon ses mots, de “penser la police et la gendarmerie de 2030.”

“La campagne a commencé”

Présentée début 2022, la fameuse loi devrait recouper de nombreux sujets différents comme la cybercriminalité, les escroqueries digitales, ou le doublement -en dix ans- des effectifs policiers sur le terrain, selon le souhait du président de la République. Elle ne pourra, en revanche, pas être votée avant la fin du quinquennat, calendrier parlementaire oblige.

Une temporalité surprenante, électorale pour certains, qui n’a pas manqué de faire réagir les principaux intéressés, échaudés par les promesses politiques non-tenues. Invités des différentes chaines d’information dans la foulée du discours du président de la République, plusieurs responsables syndicaux étaient sur la même ligne: satisfaction, mais vigilance.

″Le temps de la campagne a commencé”, a ainsi ironisé Matthieu Valet, le porte-parole et secrétaire national adjoint du syndicat indépendant des commissaires de police (SICP) sur BFMTV. Pour lui, “les mesures annoncées vont dans le bon sens, mais elle prendront du temps”, et “les policiers ont si souvent été dupés qu’on sera très vigilant.”

Sans surprise, une partie des opposants au président de la République s’engouffre aussi dans ces critiques. “Miracle, à six mois des élections présidentielles (sic), Macron se rend compte que les policiers sont maltraités”, fustige ainsi l’eurodéputé d’extrême droite Gilbert Collard sur les réseaux sociaux quand l’Insoumis Ugo Bernalicis, estime, de son côté, que le chef de l’État agit “comme s’il était un candidat de l’opposition.” Président et prétendant en même temps.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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