Présidentielle américaine 2024 : Nikki Haley, l’espoir des républicains qui ne veulent plus de Donald Trump

Ancienne gouverneure de la Caroline du Sud et ex-ambassadrice de Donald Trump à l’ONU, Nikki Haley commence à s’imposer dans la primaire républicaine.

ÉTATS-UNIS - Quand le sénateur républicain Tim Scott a annoncé dimanche 12 novembre qu’il abandonnait la course à la Maison Blanche, il a surpris jusque dans ses propres rangs. Et il a surtout fait une heureuse : Nikki Haley, ancienne ambassadrice des États-Unis à l’ONU. Si la candidate a félicité son rival et assuré sur X (ex-Twitter) que « la primaire républicaine a été rendue meilleure grâce à sa participation », elle sait aussi que ce retrait lui est très favorable.

Présidentielle américaine 2024 : primaires, caucus et conventions, les dates à retenir avant l’élection

Le 14 février, Nikki Haley a été la première à annoncer qu’elle défiait Donald Trump, l’ex-président américain cerné par les affaires et favori pour obtenir l’investiture républicaine pour la présidentielle 2024. Sa campagne a toutefois eu du mal à décoller. Une des raisons : l’ancienne gouverneure de la Caroline du Sud était justement concurrencée par Tim Scott, sénateur du même État avec qui elle partageait les mêmes donateurs et électeurs.

Depuis quelques semaines, la dynamique a changé. Elle s’est fait remarquer lors des trois débats organisés entre candidats républicains (sans le favori) et sa courbe dans les sondages ne cesse de grimper. Elle reste très loin de Donald Trump, mais refait son retard au niveau national sur le gouverneur de Floride Ron DeSantis, un temps pressenti comme étant le seul à pouvoir rivaliser avec l’ex-Président.

Sondages au niveau national pour les primaires républicaines de la présidentielle 2024.
Capture écran FiveThirthyEight Sondages au niveau national pour les primaires républicaines de la présidentielle 2024.
Sondage dans l’Iowa, dominé par Donald Trump.
Capture écran FiveThiryEight Sondage dans l’Iowa, dominé par Donald Trump.

Sa progression est encore plus remarquable dans l’Iowa, État stratégique qui lance la saison des primaires et caucus. À la veille du premier débat le 22 août, elle plafonnait à 3,8 % des intentions de vote dans cet État selon FiveThirtyEight. Moins de trois mois plus tard, au 13 novembre, elle est créditée de 13,9 % et talonne DeSantis qui stagne. Insuffler une bonne dynamique est d’autant plus fondamental que la Caroline du Sud, « son » État, sera le troisième à voter, ce qui pourrait la faire décoller pour de bon.

« Momentum »

Nikki Haley a su profiter de ses atouts pour déclencher ce « momentum ». Son passé d’ambassadrice à l’ONU joue en sa faveur dans un contexte de guerres en Ukraine et au Moyen-Orient, et sa stratégie d’évitement face à Trump pour ne pas s’aliéner sa base – synonyme d’échec certain – porte ses fruits. La candidate conservatrice met aussi en avant ses origines sikhs, ses deux parents ayant émigré d’Inde dans les années 1960. À 51 ans, elle se veut par ailleurs la candidate de la « nouvelle génération » face à Donald Trump et Joe Biden, respectivement 77 et 80 ans.

Seule femme à concourir dans le camp républicain, elle n’échappe pas aux remarques sexistes. Au troisième débat républicain du 8 novembre, Vivek Ramaswamy l’a surnommée la « Dick Cheney [vice-président de George W. Bush entre 2001 et 2009, NDLR] en talons de 7 centimètres ». Nikki Haley ne s’est pas démontée, lâchant : « Ce sont des talons de 12 centimètres... Et ils ne sont pas là pour la mode, ce sont des munitions. »

Son succès récent redonne de l’espoir aux républicains anti-Trump, qui cherchent à tout prix une alternative viable. L’ancien président s’est aussi rendu compte de la popularité de celle qu’il avait nommée à l’ONU. Il n’a donc pas manqué d’utiliser sa rhétorique favorite, la qualifiant de « cervelle de moineau ». Il a même été plus loin en déposant une cage d’oiseau devant sa porte d’hôtel, comme en témoigne une photo publiée par Nikki Haley sur X. Il ne s’agit pas d’un canular : un journaliste du site The Messenger a confirmé l’information.

Les obstacles restent cependant nombreux pour cette étoile montante du parti républicain. D’abord, les primaires. Si Tim Scott lui a ouvert la voie en se retirant, Ron DeSantis reste en deuxième position dans les sondages malgré sa campagne chaotique. « (Ron DeSantis) n’a absolument pas renoncé sur une ligne beaucoup plus conforme au national-populisme de Trump. Tant qu’il est dans la course, impossible pour Haley de rattraper l’avance de Trump », a souligné le spécialiste des États-Unis Corentin Sellin sur X.

Une position ambiguë face à Trump

Autre obstacle, poursuit-il : « Comment justifier sa longue coopération passée avec celui qu’elle tend aujourd’hui à diaboliser et contre lequel elle avait promis de ne PAS se présenter ? » En effet, la relation de Nikki Haley avec Donald Trump ne manque pas d’interroger. En 2016, elle avait reconnu ne « pas être fan » du milliardaire, mais lui avait tout de même accordé son vote à la présidentielle. Elle a été récompensée avec sa nomination à l’ONU, ce qui l’a fait connaître du grand public.

Elle défend également fermement la politique du président durant son mandat, bien qu’elle ait coupé les ponts lors de l’assaut du Capitole en 2021. Elle l’a ensuite qualifié d’« homme politique le plus détesté de toute l’Amérique » au premier débat. Revirement surprenant lors du deuxième débat en septembre : Nikki Haley a affirmé qu’elle soutiendrait Trump s’il était investi par le parti pour l’élection générale...

Même si elle a une carte à jouer, l’imaginer faire une remontada spectaculaire reste délicat au regard de l’écart qui la sépare de Donald Trump dans les sondages. Face à Joe Biden en revanche, ses chances seraient réelles. Un sondage du New York Times réalisé dans six « swing states » (susceptibles de voter pour l’un ou l’autre parti) début novembre a montré que Nikki Haley était à chaque fois devant le président candidat à sa réélection, avec une avance encore plus nette que dans le cas du duel attendu Biden-Trump. À Nikki Haley de prouver qu’elle n’est pas qu’une étoile filante.

Lire sur le HuffPost

À voir également sur Le HuffPost :

Donald Trump comparé à Hitler par la Maison Blanche après avoir qualifié ses opposants de « vermine »

Les noms « offensants » d’une centaine d’oiseaux vont changer aux États-Unis

VIDÉO - États-Unis : Trump tente d'éclipser le troisième débat républicain de la présidentielle américaine