PPDA : Cécile Delarue, Hélène Devynck... Celles qui ont fait éclater l’affaire se demandent « à quoi ont servi » leurs témoignages

PPDA est accusé de viols et agressions sexuelles par plusieurs dizaines de femmes.
Francois G. Durand / WireImage / Getty Images PPDA est accusé de viols et agressions sexuelles par plusieurs dizaines de femmes.

JUSTICE - C’était il y a tout juste deux ans. Le 8 novembre 2021, huit femmes accusaient dans Libération, l’ancien présentateur-star du 20-Heures de TF1, Patrick Poivre d’Arvor (PPDA), de les avoir agressées, harcelées, voire violées. Alors que la justice patine toujours, plus de deux ans après, « à quoi ça a servi ? » s’interroge ce vendredi 9 novembre Cécile Delarue, une des victimes présumées.

PPDA a été confronté à une accusatrice pour des faits d’agression sexuelle non prescrits

« Il y a 2 ans nous faisions la “Une” de Libération. Nous étions 8. Depuis des dizaines. Et des dizaines. Plaintes. Viols. Mineures. Tant de douleur. À quoi ça sert de se compter puisque rien ne change. À quoi ça a servi de s’exposer puisque PPDA n’a même pas été mis en examen », regrette aujourd’hui la journaliste sur X (ex-Twitter).

Sur les huit femmes qui ont accepté de témoigner à l’époque, sept avaient accepté de montrer leur visage. Toutes racontaient leur traumatisme et exprimaient leur colère après le classement sans suite de l’enquête préliminaire ouverte en février 2021, suite à la plainte pour viol déposée par Florence Porcel.

« Jamais nous n'obtiendrons justice »

Leur prise de parole avait été un déclencheur puisque quelques mois plus tard, en mai 2022, une vingtaine de victimes présumées de PPDA étaient rassemblées sur le plateau de Mediapart. Un an après, en mai 2023, sur X, Florence Porcel faisait ainsi le décompte : 45 femmes ont contacté la police, 25 ont porté plainte dont 12 pour viol.

Mais malgré le choc et la médiatisation de l’affaire, Cécile Delarue a l’impression que « jamais nous n’obtiendrons justice, comme 99 % des femmes dont le violeur n’est pas condamné ». « Vous savez très bien que notre histoire, c’est celle de toutes les autres », ajoute-t-elle pleine d’amertume.

Elle compare son sort, et celles des autres femmes qui accusent PPDA, aux autres victimes de violences sexuelles. « Refuser de nous entendre, de nous donner l’occasion de demander justice, c’est cracher au visage de toutes les autres. Toutes celles qui ont subi des agressions sexuelles, des viols, du harcèlement », estime-t-elle.

Une enquête préliminaire en cours

« Nous sommes des dizaines et des dizaines à dénoncer PPDA, nous sommes des millions à subir un système qui chaque jour, choisit de nous dire merde avec un grand sourire », dénonce-t-elle encore. Sa publication a été partagée par Florence Porcel.

Hélène Devynck, autre victime présumée qui a témoigné dans Libération, partage la colère que Cécile Delarue. « Les plus sérieuses études estiment que 4 à 6 % des femmes mentent. Allons jusqu’à 10 % pour la question mathématique : quelle est la probabilité pour que PPDA soit innocent ? 1/10^45. Comme gagner 6 fois de suite tous les bons numéros au loto. La justice croit aux miracles », a-t-elle écrit sur X ce jeudi.

Si PPDA n’est pas poursuivi par la justice, la plupart des faits étant prescrits, l’ancien présentateur de TF1 a été confronté pour la première fois en juillet à une accusatrice pour des faits d’agression sexuelle non prescrits dans le cadre de la deuxième enquête préliminaire ouverte en décembre 2021. Pour l’instant, les investigations suivent leur cours.

À défaut de justice, les victimes présumées ont pu compter sur elles-mêmes. Plusieurs de celles qui ont témoigné contre l’ex-star du JT ont créé l’association MeToo Media qui vise à lutter contre les violences sexistes et sexuelles au sein des médias.

À voir également sur Le HuffPost :

« Le Consentement » : Jean-Paul Rouve nous a parlé de Gabriel Matzneff, l’abominable auteur qu’il incarne

Luc Besson aimerait « faire tranquillement » ses films et qu’on arrête de lui parler des accusations de viol