Comment les poux apportent des informations inédites sur l’histoire de l’humanité

L'étude génétique de ces parasites permet aux chercheurs de retracer les migrations humaines qui ont façonné l'histoire de notre espèce et d'apporter des informations inédites.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°925, daté mars 2024.

Indésirables ? Les poux sont pourtant de plus en plus recherchés par les scientifiques. Ils renfermeraient des informations sur les contacts entre les populations humaines, présentes ou passées. Ce parasite - qui ne vit pas plus de 48 heures hors de nos cheveux - nous accompagne en effet depuis les débuts de l'humanité.

Cela fait 25 millions d'années que des poux ont colonisé les primates, et chaque espèce est spécifique de son hôte : les poux humains n'infectent pas les chimpanzés. Pediculus schaeffi et Pediculus humanus ont divergé il y a 5,6 millions d'années, en même temps que la lignée humaine et celle des chimpanzés et bonobos. Pourraient-ils alors nous apporter des informations inédites sur l'histoire de l'humanité ? Des chercheurs viennent de le prouver.

"Lorsque les premiers humains ont quitté l'Afrique, ils ont emporté leurs poux avec eux. Lorsqu'ils ont peuplé le reste du monde, les poux les ont accompagnés", résume Marina Ascunce, biologiste au ministère de l'Agriculture des États-Unis (USDA). Cette spécialiste des insectes invasifs a étudié la génétique des poux pour retracer les migrations humaines. "Avec mes collègues, nous pensons que l'histoire généalogique des poux et celle des humains concordent", poursuit-elle. C'est ainsi qu'elle retrouve l'arrivée des Européens en Amérique dans la génétique de 274 poux actuels.

Ses recherches, publiées dans la revue PLoS One, comparent le génome de poux provenant de 25 sites et 19 pays différents, d'Europe, d'Asie et de plusieurs pays américains comme les États-Unis, le Mexique et l'Argentine. Avec une réserve : un seul pou prélevé en Afrique a été étudié. "C'est le même genre de biais que l'on voit avec les études humaines ; elles négligent l'Afrique alors qu'on y trouve une si grande diversité ", remarque Andrew Sweet, un spécialiste de la génétique des poux à l'Université d'État de l'Arkansas (États-Unis), qui n'a pas[...]

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