Poutine répond aux mères et femmes de soldats (et ses mots sont inquiétants)

Alors que le Kremlin ne communique pratiquement pas sur les pertes subies en Ukraine et sur le sort des soldats mobilisés, le président russe s’est mis en scène face à des femmes présentées comme proches des militaires envoyés au front.

GUERRE EN UKRAINE - C’est un appel à l’aide qui se fait de plus en plus pressant en Russie. Neuf mois après le début de l’invasion de l’Ukraine par les troupes du Kremlin, des mères et des compagnes de soldats réclament que Moscou tienne ses engagements. En l’occurrence, au moment de la mobilisation partielle ordonnée par Vladimir Poutine en septembre, il avait été garanti que les jeunes hommes mobilisés recevraient un équipement de qualité et ne seraient pas envoyés en première ligne.

Des promesses dont doutent désormais les proches des Russes mobilisés. C’est la raison pour laquelle Vladimir Poutine a reçu ce vendredi 25 novembre des femmes présentées par la communication officielle comme des représentantes des mères et des femmes des soldats. Sauf que ce qu’il leur a déclaré n’engage pas franchement à l’optimisme.

« Je veux que vous sachiez que moi, personnellement, tous les dirigeants du pays, nous partageons cette douleur. Nous savons que rien ne peut remplacer la perte d’un fils », a notamment déclaré Vladimir Poutine, le visag fermé. Et d’ajouter, dans une rhétorique habituelle de sa part : « La vie est plus compliquée que ce qu’on voit à la télé ou sur Internet (...), il y a beaucoup de mensonges. »

Des pertes jamais évoquées ou presque

« Cela a toujours été le cas, mais en prenant en compte les technologies modernes, cela est devenu encore plus notable et efficace », a-t-il conclu, dénonçant des « attaques informationnelles ». Cette dernière phrase est une référence aux lois votées après le début de l’offensive en Ukraine qui punissent de lourdes peines de prison les personnes accusées de diffuser de « fausses informations » sur l’armée ou de la « discréditer ».

Une manière aussi de répondre aux proches de militaires qui dénoncent de plus en plus fréquemment sur les réseaux sociaux les conditions dans lesquelles certains sont envoyés au combat, entre équipement insuffisant et mise en danger de militaires mal préparés. Car de nombreuses violations ont été recensées : mort au front de mobilisés, mobilisation d’hommes inaptes, de pères de familles nombreuses ou trop âgés, absence d’équipement adéquat et de formation militaire pour nombre d’appelés.

Tant et si bien qu’une grogne ne cesse de monter en Russie, au point de faire frissonner le Kremlin. Jusqu’à provoquer la rencontre de ce vendredi entre Vladimir Poutine et les proches des mobilisés, et à voir les autorités russes reconnaître des « erreurs » dans la manière dont la mobilisation a pu être menée.

Ce vendredi, le maître du Kremlin a notamment reconnu que la fête des mères, célébrée ce dimanche en Russie, serait marquée cette année par « un sentiment d’anxiété et d’inquiétude », chez les femmes concernées, dont « les pensées seront avec leurs garçons ». Une évolution nette du discours dans un pays où les pertes subies en Ukraine ne sont pratiquement jamais évoquées et toujours sous-évaluées quand elles le sont, d’après les observateurs.

VIDÉO - "Êtes-vous un homme ?" lance une mère de soldat russe à Vladimir Poutine

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