Du pétrole de l'EI transite par la Turquie, dit Vladimir Poutine

PARIS (Reuters) - Vladimir Poutine a affirmé lundi que la décision turque d'abattre un Soukhoï de l'armée de l'air russe la semaine dernière près de la frontière syrienne répondait à une volonté de protéger des livraisons de pétrole en provenance des territoires contrôlés par l'organisation Etat islamique (EI). Le président russe, qui a refusé de rencontrer son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, en marge de l'ouverture de la Conférence de Paris sur le climat (COP21), a ajouté que Moscou disposait d'informations supplémentaires attestant que du pétrole produit par l'EI transite par la Turquie. "Nous avons reçu des données additionnelles qui confirment que du pétrole de l'EI entre sur le territoire turc", a-t-il dit. "La décision d'abattre cet avion a été spécifiquement dictée par une volonté de protéger des livraisons." Pour Recep Tayyip Erdogan, ces accusations russes relèvent de la "calomnie". Le chasseur-bombardier russe a été détruit par des F-16 de l'aviation turque mardi dernier près de la frontière syrienne - à l'intérieur de l'espace aérien turc selon Ankara, à l'extérieur selon Moscou. L'incident a déclenché une crise diplomatico-commerciale entre la Russie et la Turquie. Vladimir Poutine a redit que la crise en Syrie ne pourrait être réglée que par des moyens politiques et exprimé l'espoir que les prochaines discussions de Vienne entre les puissances impliquées dans ce dossier seraient fructueuses. La Russie, qui intervient militairement en Syrie depuis le 30 septembre, fera tout pour aboutir à la formation d'une grande coalition contre l'EI, a-t-il ajouté. Réunies à Vienne le 14 novembre, au lendemain des attentats à Paris et Saint-Denis, les puissances impliquées dans le dossier syrien ont esquissé une feuille de route vers un règlement politique du conflit sans toutefois aplanir leurs désaccords sur le sort de Bachar al Assad. Une nouvelle session, la troisième dans ce cadre qui associe pour la première fois l'Iran, doit se tenir aux alentours de la mi-décembre. (Denis Diomkine, Henri-Pierre André pour le service français)