Russie, Iran et Turquie proposent un "congrès des peuples syriens"

par Denis Pinchuk

SOTCHI, Russie (Reuters) - La Russie, l'Iran et la Turquie ont approuvé mercredi l'idée d'organiser prochainement à Sotchi un congrès des peuples syriens, initiative destinée à engager un dialogue politique et à trouver une solution à six années de guerre civile en Syrie.

Cette proposition est contenue dans un communiqué commun après un sommet tripartite réunissant Vladimir Poutine et ses homologues iranien Hassan Rohani et turc Recep Tayyip Erdogan dans la station balnéaire de la mer Noire.

Les trois dirigeants n'ont pas fourni de détails sur les contours de l'accord de paix qu'ils envisageaient pour la Syrie, et ne se sont pas prononcés sur le maintien au pouvoir de Bachar al Assad, obstacle majeur et récurrent dans les discussions organisées sous l'égide de l'Onu, qui doivent reprendre à la fin du mois.

"L'Iran, la Russie et la Turquie ont convenu aujourd'hui l'organisation prochaine d'un congrès syrien à Sotchi", a déclaré Hassan Rohani devant la presse. "Ce prochain congrès syrien établira les bases d'une Constitution pour la Syrie", a-t-il ajouté.

Les trois chefs d'Etat appellent les autorités syriennes ainsi que l'opposition modérée "à participer de manière constructive" à ce congrès qui pourrait se tenir dans un avenir proche.

Aucune date n'est précisée, non plus que les noms des organisations et groupes qui seraient invités à y participer. Ce dernier point demeure épineux car la Turquie est opposée à toute présence kurde.

Erdogan a rappelé que les "groupes terroristes" ne pourraient pas être conviés et il a insisté sur l'importance de régler ce qu'il qualifie d'"aspects négatifs" de la région d'Afrin, administrée par les Kurdes dans le nord de la Syrie.

APPEL AU COMPROMIS

L'idée reste de réunir autour d'une même table les représentants des différents groupes religieux, factions combattantes et communautés de Syrie.

"Le congrès examinera les principales questions de l'agenda national syrien", a expliqué Poutine devant les journalistes en compagnie de Rohani et Erdogan.

"Il s'agit en premier lieu d'établir un cadre pour la future structure de l'Etat, d'adopter une nouvelle Constitution et sur cette base d'organiser des élections sous le contrôle des Nations unies", a précisé le président russe.

Toujours selon le communiqué, les trois chefs d'Etat réaffirment leur volonté commune d'éradiquer le groupe Etat islamique et s'engagent au respect de l'unité et de l'intégrité territoriale de la Syrie.

Avant la réunion, Vladimir Poutine avait réclamé de la part de tous ses acteurs des "concessions" et des "compromis" pour parvenir à une solution politique.

La défaite des djihadistes de l'Etat islamique (EI), dont le dernier bastion urbain dans l'est de la Syrie, Albou Kamal, est tombé la semaine dernière, a fait entrer le conflit dans "une nouvelle phase" qui permet de relancer le processus de paix, avait poursuivi Vladimir Poutine.

Un règlement politique du conflit doit s'inscrire dans le cadre du processus de Genève, avait précisé le président russe, dont le pays s'est rapproché de l'Arabie saoudite pour organiser à Ryad une réunion "élargie" de l'opposition syrienne destinée à définir une ligne commune avant la reprise des négociations de paix sous l'égide des Nations unies.

Hassan Rohani avait insisté pour que cesse immédiatement "toute ingérence étrangère dans le conflit syrien". Sauf, bien sûr, si c'est "à l'invitation du gouvernement syrien", avait-il ajouté.

L'Iran a volé au secours de Bachar al Assad en envoyant en Syrie des milliers de Gardiens de la révolution, l'unité d'élite de la République islamique, mais aussi des milices supplétives chiites, en particulier le Hezbollah libanais.

(Denis Pinchuk, avec Tuvan Gumrukcu et Ece Toksabay; Tangi Salaün et Pierre Sérisier pour le service français)