Poursuite des blocages, objectif Paris... Quelle suite pour le mouvement des agriculteurs ?

Malgré les annonces de Gabriel Attal, de nombreux agriculteurs entendent poursuivre leur mobilisation. Même si celle-ci pourrait prendre une autre forme et se déplacer vers la capitale.

Au lendemain des mesures annoncées par le Premier ministre Gabriel Attal, 38 blocages impliquant environ 700 agriculteurs ont été recensés à travers la France, a appris BFMTV des renseignements généraux.

Un chiffre néanmoins en large baisse puisqu'on en comptait pas moins de 113, rassemblant 17.500 personnes la veille. De quoi légitimement questionner la suite du mouvement, alors qu'aucune organisation du monde agricole ne centralise les différentes manifestations d'opposition.

Vers la fin de la mobilisation ?

Aux alentours de 15h25 samedi, l'autoroute A64 a notamment été réouverte dans les deux sens après le départ des manifestants du monde agricole quelques heures plus tôt.

"On a été entendus, on a eu quelques réponses, tout ne sera pas parfait de suite, on ne va pas changer l'agriculture française en cinq minutes sous un pont d'autoroute mais il me semble qu'on a été vraiment, vraiment entendus. On a au moins relancé le débat de l'agriculture en France", a affirmé à l'AFP Joël Tournier, éleveur-céréalier mobilisé depuis le début sur ce barrage, avec son ami Jérôme Bayle, devenu une figure médiatique du mouvement.

Même si elle reste coupée dans le Gard, où François Ruffin s'est rendu pour discuter avec les agriculteurs, l'autoroute A9 a elle aussi connu un retour à la normale "sur la majeure partie de son tracé", a indiqué Vinci Autoroutes dans un communiqué.

Paris dans le viseur

Pour autant, de nombreux agriculteurs restent mobilisés, pas convaincus par les annonces de l'exécutif. Quatre jours après le début des blocages sur l'A16, les professionnels du monde paysan de l'Oise se disaient ainsi "motivés" pour "faire pression sur la capitale" dès le début de la semaine prochaine.

"On y est depuis mardi donc on ne va pas lâcher maintenant. On espère que tout le monde jouera le jeu lundi pour qu'on soit entendus. L'idée c'est de faire une tenaille autour de Paris", expliquait ainsi Laurent, un céréalier présent sur place, à BFMTV, conscient que le mouvement pouvait légèrement s'essoufler.

Plus tôt dans la journée, Maxime Buizard, un administrateur national des Jeunes Agriculteurs (JA) - syndicat qui, associé à la FNSEA, représente la majorité de la profession - avait annoncé avoir "décidé de changer de méthode et d'organiser le blocus de Paris et de la petite couronne".

Une prise de parole nuancée ensuite par Pierrick Horel, secrétaire général des JA. "On va prendre le week-end pour reposer les esprits et les corps" et "pour recalibrer la mobilisation de la semaine prochaine", a-t-il déclaré à l'AFP.

Rungis comme symbole

De son côté, la Coordination rurale du Lot-et-Garonne a annoncé qu'elle allait bloquer le marché de Rungis, véritable plaque-tournante du commerce alimentaire de la France.

"On part lundi à 9h d'Agen, on prend l'autoroute à Cahors, on monte à Paris en passant par Limoges et on récupère tous les gens qui veulent se joindre à nous", a déclaré José Pérez, co-président de la CR 47, reconnaissant que l'entité avait pris la décision sans vraiment se concerter avec ses homologues des autres départements.

Ceci étant, le secrétaire général adjoint de la FNSEA Thierry Coué a souligné qu'il n'y avait pas d'appel à se déplacer en masse vers l'Île-de-France. "On reste dans les départements et aux alentours de Paris, mais on est pas là pour perturber les Parisiens et les affamer, ce n'est pas le but", a-t-il affirmé sur BFMTV.

Tandis que certaines mesures évoquées par Gabriel Attal "sont appelées à se décliner sur d'autres sujets", selon les dires du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau samedi, les agriculteurs entendent donc poursuivre leur combat, mais sans une organisation à l'échelle.

Certains d'entre eux comptent également se réunir lundi autour d'autres grandes villes que Paris, à l'image de Lyon. De son côté, Edouard Legras, président de la Coordination rurale du Loir-et-Cher, a reconnu qu'un blocage du Salon de l'Agriculture, qui débute le 24 février prochain dans la capitale, "peut être une idée", si le monde agricole n'obtient pas gain de cause d'ici là.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Colère des agriculteurs: 38 "blocages" recensés à travers la France ce samedi