Pourquoi la victoire de Cyprien Sarrazin sur la mythique descente de Kitzbühel est un immense exploit

C’est la nouvelle sensation du ski français. Déjà vainqueur de la descente italienne de Bormio fin décembre, et du super-G de Wengen la semaine dernière en Suisse, Cyprien Sarrazin a confirmé sa soudaine ascension dans les épreuves de vitesse en remportant ce vendredi la majestueuse descente de Kitzbühel, en Autriche. Son troisième succès de l'hiver et son cinquième podium sur ses six dernières courses. Ancien spécialiste du slalom géant, le skieur des Hautes-Alpes (29 ans) n’en finit plus de collectionner les résultats exceptionnels dans les épreuves de vitesse. Sans réussir le run parfait sur la mythique Streif, il a réalisé un bas de tracé époustouflant pour coiffer l'Italien Florian Schieder et le leader suisse de la Coupe du monde, Marco Odermatt.

Un sacré exploit qui lui permet de devenir le troisième descendeur français à dompter la Streif après les légendes Jean-Claude Killy (1967) et Luc Alphand (doublé en 1995, et 1997). C’est sur cette piste aussi technique que prestigieuse, où l’on peut atteindre les 140km/h, que plusieurs génies ont écrit leur histoire et celle de la discipline, à l’image du Suisse Didier Cuche, seul détenteur du record de victoires (1998, 2008, 2010, 2011 et 2012) sur la Streif.

"Dans la famille des descendeurs, gagner à Kitzbühel, c’est plus fort que les Mondiaux ou les JO. Il faut beaucoup de courage et de précision. Ça ne s’explique pas", confiait il y a deux ans sur Eurosport, avec des étoiles dans les yeux, le skieur du Liechtenstein Marco Büchel, deuxième de la descente sur le Hahnenkamm en 2006 et vainqueur du super-G de Kitzbühel en 2008.

Une descente où s'écrit la légende

Le Canadien Erik Guay, ancien champion du monde de descente (2011) et de super-G (2017), ne disait pas autre chose dans les colonnes de Mixte Magazine en 2018.

"Rien n’a plus de valeur sentimentale pour un skieur qu’un triomphe sur cette montagne légendaire", estimait-il alors.

"Plus de 10 ans qu’on vient ici et on a toujours la même boule au ventre à chaque départ", souriaient également le Français Johan Clarey et le Norvégien Kjetil Jansrud, deux vieux briscards parmi les meilleurs descendeurs du monde, en 2020, au micro de RMC Sport. Car la Streif, c’est un morceau de bravoure qui dépasse le simple cadre du ski alpin. Un mythe dont le nom suffit à effrayer les montagnards les plus aguerris.

"La première fois qu’on arrive à Kitzbühel et qu’on découvre la Streif, on se dit: 'Whaou le morceau!' On arrive, et on est obligé d’aller au départ avant de la rencontrer, donc c’est brutal! Il y a un gros saut qui s’appelle le Mausefalle, la souricière, et c’est impressionnant: on plonge pratiquement dans le vide, on voit quasiment entre ses spatules le clocher de Kitzbühel. C’est une piste difficile et raide dans un endroit absolument magique. C’est LA course qu’il faut gagner", expliquait Luc Alphand en 2015 pour Franceinfo. Ce vendredi, sur Eurosport, le vainqueur de la Coupe du monde 1997 avait la voix qui tremblait dans l'aire d'arrivée après le triomphe de Sarrazin : "Il est tellement fort. Il irradie de joie et de bonheur et il mérite tout ce qui lui arrive. Pour le ski français, c'est une bénédiction. Je suis fier d'être ici pour assister à ça."

Au classement du petit globe de descente, Sarrazin revient sur les talons d’Odermatt, à seulement 26 points. Le skieur de Gap s'installe également à la deuxième place du classement général, mais avec 516 points de moins que le double détenteur du gros globe. Suffisamment pour souffler un peu? Impossible: les fusées des neiges sont attendues sur la Streif pour un nouveau numéro d'équilibristes dès ce samedi...

Article original publié sur RMC Sport