Pourquoi la version restaurée d'"Astérix et Obélix: Mission Cléopâtre" est un événement

La comédie culte d'Alain Chabat ressort en version restaurée ce mercredi. Tessa Pontaud, en charge de sa remasterisation chez Pathé, raconte les défis de cette entreprise.

Un Astérix peut en cacher un autre. Après L'Empire du milieu de Guillaume Canet en janvier, Mission Cléopâtre, le classique d'Alain Chabat, ressort au cinéma ce mercredi en version remasterisée 4K dans plus de 300 salles. Un événement en grande pompe, à la hauteur de ce film culte vu à sa sortie en 2002 par plus de 14 millions de spectateurs.

En attendant une édition Blu-ray en fin d'année, l'adaptation de la BD de Goscinny et Uderzo sera accessible au cinéma pour seulement 5 euros la séance. Le film sera accompagné de surprises tenues pour l'heure secrètes à la demande d'Alain Chabat. Pour les découvrir, il faudra rester jusqu'au bout du générique.

"Le patrimoine, c'est aussi les comédies"

Proposer ce film dans un écrin flambant neuf était une nécessité, nous explique Tessa Pontaud, directrice adjointe en charge de la restauration chez Pathé. "La pérennisation du catalogue est très importante pour faire découvrir ces films, surtout aux générations futures", insiste-t-elle.

Il est cependant rare qu'un film d'après 2000 bénéficie d'une telle restauration: "Afin de préserver notre patrimoine culturel, le travail de restauration se fait majoritairement sur des films dont les négatifs sont en danger de disparition (vieillissement, moisissure, rayure, etc). Mais le patrimoine, c'est aussi les comédies, même les plus récentes."

"Et ce genre a le droit lui aussi de bénéficier des meilleures conditions techniques. D’autant plus que c’est un genre plébiscité par le grand public. C’est notre conviction chez Pathé et c’est pourquoi nous avons restauré des films comme Didier, Astérix..."

Les meilleures conditions techniques

Il existait jusqu'à présent un master HD de Mission Cléopâtre qui était exploité pour ses diffusions à la télévision et sur les plateformes de streaming. Ce master, qui correspond aux normes des années 2000, ne propose pas dans des conditions optimum ce film tourné dans les décors naturels de Ouarzazate (Maroc).

Pour palier l'absence de DCP, l'équivalent en numérique de la copie de projection argentique, "Pathé a souhaité apporter au film les dernières technologies - le 4K, le HDR, le son Dolby Atmos... - [pour permettre] au film de ressortir en salles et sur support physique (Blu Ray, UHD 4K...) dans les meilleures conditions techniques possibles."

Pour aboutir à cette version 4K, Pathé est reparti des images d'origine. "Ce film a été tourné en [pellicule] 35mm mais a ensuite été post-produit totalement en numérique", rappelle Tessa Pontaud. Ce qui signifie que les négatifs image d'origine n'ont jamais été montés depuis la diffusion du film en salles, à la télévision ou en DVD.

"Pas seulement une restauration"

La facilité aurait été donc de s'appuyer sur le retour sur shoot 35mm (2K) fabriqué à l’époque en 2001, mais pour obtenir la meilleure résolution d'image, la pellicule d'origine reste le meilleur support, souligne Tessa Pontaud:

"Nous souhaitions amener la plus grande qualité et sommes partis pour cette restauration de la meilleure source possible: les plans négatifs 35mm d'origine, qui étaient répartis sur plusieurs centaines de bobines."

Mission Cléopâtre a donc été entièrement remonté à partir de ces négatifs. "Nous avons travaillé Astérix comme un film de post-production de 2023. Ce projet n'est pas seulement une restauration. Il a fallu littéralement refaire la post-production du film! À l'identique." Soit deux ans de travail.

Pour les aider dans cette tâche, les équipes de Pathé ont "utilisé les technologies les plus avancées" et ont "pris le temps de bien faire les choses": "L'étalonnage, par exemple, a duré plus de 5 semaines, ce qui est plus que le temps d'étalonnage moyen d’un film récent."

Avec l'intelligence artificielle

Lors de ce processus, il a fallu refaire les effets spéciaux mais pas comme en 2001, révèle Tessa Pontaud: "Il était hors de question de refaire les effets spéciaux d'époque. En revanche nous avons amélioré leur définition grâce à l'intelligence artificielle afin qu'ils s'insèrent au mieux dans la restauration 4K."

"C'était un défi colossal pour le laboratoire Hiventy qui a mobilisé toutes ses ressources", détaille-t-elle. "Hiventy, grâce à son savoir-faire argentique et numérique, grâce à des équipes spécialisées en restauration [et] en post production, a pu nous accompagner le plus loin possible dans notre exigence technique et artistique."

Ce chantier a été supervisé par l'équipe d'origine: le directeur de la photographie Laurent Dailland, l'ingénieur du son Thierry Lebon, le directeur de post-production Cyril Contejean et Alain Chabat. "Le public pourra découvrir une bien meilleure résolution d'images avec beaucoup plus de détails, des couleurs plus riches et nuancées, un son plus immersif", se félicite Tessa Pontaud.

"C'est le premier film de patrimoine français à faire l'objet d'un étalonnage Dolby Cinéma, c'est-à-dire d'un étalonnage HDR pour le cinéma. La dynamique de couleurs est inédite, avec plus d'informations dans les hautes et basses lumières. Le son est en Dolby Atmos: vous entendrez des détails insoupçonnés et serez littéralement immergés dans l’univers sonore d'Alain Chabat."

Article original publié sur BFMTV.com

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