Pourquoi les Saoudiens laissent les Américains seuls face aux houthistes
“Dans un passé pas si lointain, l’Arabie saoudite aurait adoré l’idée d’attaquer des positions houthistes au Yémen conjointement avec les États-Unis et la Grande-Bretagne”, écrit Veena Ali-Khan dans la revue américaine Foreign Policy. Chercheuse et ancienne spécialiste du Yémen à l’International Crisis Group, elle rappelle que Riyad avait mené une “guerre brutale” contre le groupe rebelle depuis 2015 dans le but de le réduire à néant. “Mais aujourd’hui une offensive occidentale est l’exact contraire de ce que souhaite Riyad.”
Depuis 2022, les Saoudiens sont en effet engagés dans un “délicat processus de paix” dans l’espoir de “s’extirper” du bourbier de cette guerre qu’ils savent désormais ne pas pouvoir gagner. En septembre dernier, juste avant les attaques du Hamas contre Israël, puis la guerre israélienne contre Gaza, ils auraient même été proches d’un accord de paix avec les houthistes. “Alors que la tension monte en mer Rouge, l’Arabie saoudite a donc choisi de rester à l’écart du conflit, et les canaux de communication avec les houthistes restent ouverts.”
Après les premières frappes américano-britanniques contre des positions houthistes, le 11 janvier, le ministère des Affaires étrangères saoudien a même exprimé sa “grande préoccupation” et a appelé à la “retenue” pour éviter l’escalade. Riyad cherche ainsi à ne pas offrir de prétexte aux houthistes pour frapper à nouveau le territoire saoudien, comme ils l’avaient fait à de multiples reprises dans le passé. De nouvelles attaques houthistes seraient en effet “la dernière chose dont le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MBS) a besoin” en vue de son ambitieux projet économique Vision 2030, ajoute Foreign Policy.
Crise de confiance avec Washington
Par ailleurs, les Saoudiens ne pensent pas que les bombardements aériens puissent être efficaces pour venir à bout des houthistes. “Il faut rappeler que la plupart des positions visées [par l’aviation américaine et britannique] avaient déjà été bombardées à de multiples reprises par [les Saoudiens] au cours de la dernière décennie”, confirme la spécialiste du Yémen Helen Lackner sur le site Arab Digest.
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