Pourquoi Saint-Exupéry est-il tombé dans le domaine public partout, sauf en France?

Une effigie de cire du Petit Prince au musée Grévin, en décembre 2011.

En France, l'oeuvre de l'auteur du «Petit Prince» est encore protégée jusqu'en 2032, en raison de «prorogations de guerre» et de son statut d'auteur «mort pour la France».

Le Petit Prince, on le sait, est une formidable machine à cash. Les chiffres d'édition sont étourdissants: autour de 150 millions d'exemplaires vendus à travers le monde. L'œuvre d'Antoine de Saint-Exupéry est le deuxième livre au monde le plus lu derrière la Bible. Cela représente donc, encore, une manne financière considérable pour ses ayants droit ainsi que pour son éditeur français, Gallimard.

Cela dit, les choses peuvent-elles changer? Car dans de nombreux pays du monde, le Petit Prince est tombé dans le domaine public le 1er janvier 2015. A noter que cela a donné lieu à de beaux délires éditoriaux: en Turquie par exemple, le déchaînement a été total, et ce dès le début de janvier, rapportait alors la London Review of Books: plus de 30 éditions différentes du Petit Prince ont subitement vu le jour –parfum mandarine, ou en pop-up 3D, c'est selon.

Reste qu'en France, nous n'assisterons pas tout de suite à un déferlement d'éditions du Petit Prince parfumées au bubble-gum ou à la fraise car, sous nos latitudes, l'œuvre de «Saint Ex» est encore protégée. Question (légitime): pourquoi donc le droit français diffère-t-il ici du droit européen, alors même que Bruxelles, dès 1993, avait décidé d'harmoniser la durée du droit d'auteur en la ramenant à 70 ans post mortem auctoris? Et pourquoi diable «Saint-Ex» ne passe-t-il dans le domaine public français qu'en 2032?

Deux explications à cela. D'une part, le droit d'auteur français est particulièrement complexe et labyrinthique; surtout, il existe ce qu'on appelle les prorogations de guerre. Ces dernières prévoient une extension du droit d'auteur, qui prendrait en compte les périodes couvrant la Première Guerre mondiale, ainsi que la Seconde Guerre mondiale, où l'activité (...)

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