Pourquoi Sébastien Raoult, accusé de cybercriminalité, a été extradé par le Maroc aux États-Unis

(FILES) This undated handout file photo obtained on July 29, 2022, courtesy of the family, shows Sebastien Raoult, a French national detained in Morroco, posing for a 'selfie' at an undisclosed location in Morroco. - The lawyer Raoult held in Morocco and fighting extradition to the United States for alleged hacking told AFP on January 25, 2023 he was appealing to a UN body to intervene.
Philippe Ohayon, who represents 21-year-old Sebastien Raoult, said a prison guard had shown his client papers suggesting his extradition was imminent. (Photo by COURTESY OF THE FAMILY / AFP) / RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY CREDIT

INTERNATIONAL - Il est en route vers les États-Unis. Sébastien Raoult, incarcéré au Maroc depuis plus de sept mois a été extradé mercredi 25 janvier vers New-York, a annoncé son avocat Me Philippe Ohayon. Il doit atterrir vers 22 heures, heure française à l’aéroport JFK ce jeudi 26 janvier.

Pour y voir plus clair dans ce feuilleton judiciaire entre la France, le Maroc et les États-Unis qui dure déjà depuis plusieurs mois, Le Huffpost vous explique toute l’affaire.

Qui est Sébastien Raoult ?

Sébastien Raoult, qui habitait chez ses parents à Epinal, était en deuxième année d’études d’informatique lorsqu’il a arrêté sa formation en décembre 2021, a raconté sa famille dans les médias.

« Il était dans une phase de rupture avec les études. Il avait envie de vivre, de découvrir le monde et de voyager et avait l’impression de perdre son temps à l’école », a expliqué son père Paul à l’AFP. C’est donc au Maroc qu’il s’est rendu, puis qu’il a été arrêté en mai 2022.

De quoi est-il soupçonné ?

Le Français est soupçonné par le FBI d’être membre des ShinyHunters. Ce groupe de hackers, nommés en référence à l’univers des Pokémon, est accusé de réunir « des cybercriminels prolifiques » par les autorités américaines. Ils sont soupçonnés d’avoir volé, puis d’avoir revendu, les données parfois secrètes de dizaines entreprises, pour un montant estimé par la justice américaine à plusieurs millions de dollars, résume Le Monde. Ils s’appuyaient pour cela notamment sur des détournements de la plateforme Github, très utilisée par les développeurs du monde entier.

Faisant l’objet d’une notice rouge émise par Interpol à la demande de la justice américaine, Sébastien Raoult a été arrêté le 31 mai à l’aéroport de Rabat-Salé au moment de prendre un vol retour vers la France. Il « nie fermement les faits et affirme que ses comptes ont été utilisés à son insu », assure son père. Les enquêteurs américains assurent, de leur côté, que Sébastien Raoult a eu en ligne des échanges compromettants démontrant sa responsabilité dans les actions des ShinyHunters - et que son compte GitHub a notamment servi à tester des dispositifs d’hameçonnages (phishing) pour piéger des développeurs salariés d’enteprises dont les données ont été volées.

Après son incarcération à la prison de Tiflet 2, près de Rabat, les États-Unis ont réclamé son extradition pour des faits de « complot en vue de commettre fraude et abus électronique », « fraude électronique » et « vol d’identité grave ».

La Cour de cassation du Maroc avait émis en août un « avis favorable » à l’extradition du jeune homme. La décision finale de son transfèrement a été prise par le Premier Ministre marocain fin décembre. Le Maroc avait ensuite 30 jours pour renvoyer le jeune homme vers les États-Unis.

Que risque-t-il ?

D’après son avocat Me Philippe Ohayon, Sébastien Raoult risquerait une peine de 116 ans de prison aux États-Unis pour les faits qui lui sont imputés.

Pour éviter une telle sentence, son père Paul Raoult a tout tenté. Il a appelé à l’aide le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, puis a adressé une lettre au président de la République, sans succès. « Mon fils a été trahi par la France », a-t-il accusé dans un entretien à l’AFP en août dernier.

Son avocat, Me Philippe Ohayon, a également saisi fin décembre le Comité contre la torture de l’ONU, mais cette instance a refusé d’enregistrer sa demande. Il a saisi depuis le Comité des droits de l’homme de l’ONU.

Que dit la France ?

En août, après l’appel émis par le père de Sébastien Raoult, le garde des Sceaux avait indiqué que la France n’avait « pas la possibilité, à ce stade, d’intervenir », car il s’agit d’une procédure concernant le Maroc et les États-Unis. Il a toutefois assuré que le ministère des Affaires étrangères était « évidemment mobilisé sur cette question », s’agissant d’un ressortissant français.

Des propos répétés au Quai d’Orsay ce mercredi 25 janvier. Interrogée par l’AFP, la porte-parole Anne-Claire Legendre, a affirmé que « le calendrier de l’extradition de M. Sébastien Raoult relève des relations souveraines entre le Maroc et les États-Unis ». Les ministres ne sont pour l’heure pas exprimés.

Par ailleurs, le ministère des Affaires étrangères avait indiqué fin décembre que le Français avait reçu « cinq visites consulaires depuis son incarcération qui ont permis de s’assurer de ses conditions de détention, de son état de santé et du respect des droits de la défense ».

À voir également sur Le Huffpost :

Lire aussi