Pourquoi les rivaux de Glucksmann ne veulent pas se ranger derrière lui pour les européennes

Dans les enquêtes d’opinion pour le scrutin de juin 2024, les listes conduites par Marie Toussaint, Manon Aubry et Léon Deffontaines sont devancées par celle de Raphaël Glucksmann.

Quatre partis de gauche et autant de têtes de liste. Après Marie Toussaint pour les écologistes et Léon Deffontaines pour le PCF, Manon Aubry a confirmé être tête de liste LFI le 28 janvier, juste avant que le Parti socialiste n’officialise ce lundi 29 le choix de Raphaël Glucksmann pour le scrutin de juin 2024.

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Candidat putatif depuis que la liste autonome a été actée, le choix de Raphaël Glucksmann doit encore être validé le 10 février par les militants socialistes, a précisé le Premier secrétaire du parti Olivier Faure lors de ses vœux à la presse ce lundi. Néanmoins, le choix du fondateur du micro-parti Place Publique, déjà à la tête d’une alliance avec les socialistes en 2019, est « une forme d’évidence », estime Olivier Faure.

Raphaël Glucksmann n’a pas attendu la bénédiction du PS pour lancer sa campagne. Le 20 janvier à Bordeaux, l’eurodéputé sortant a tenu son premier meeting d’envergure, se réjouissant de voir une « dynamique européenne bien lancée » au vu de l’affluence. Autre motif de satisfaction : les intentions de vote qui le donnent devant les autres candidats de gauche, à 9,7 % quand Marie Toussaint, en deuxième position, est donnée à 8,5 %, comme le montre notre compilateur ci-dessous.

Les Verts plaident « la clarté »

S’il y a bien une chose commune à tous les discours de gauche, c’est que l’extrême droite est l’ennemi numéro 1. Malgré ce constat partagé, l’idée d’une liste commune à (feue) la Nupes a été enterrée à l’automne 2023. Mais à cinq mois de l’élection, celle d’une alliance entre les socialistes menés par Raphaël Glucksmann et les Écologistes de Marie Toussaint continue à être poussée. Présent au meeting de Raphaël Glucksmann en Gironde, José Bové a ainsi exhorté les deux camps à s’unir.

Tout en se défendant de « faire du forcing », Raphaël Glucksmann se dit ouvert à « une discussion » avec les Verts « si à un moment il y a un changement de stratégie » de leur part. Qu’en pense Marie Toussaint ? L’eurodéputée sortante prend bien soin de ne pas cibler la personne de Raphaël Glucksmann. Mais, interrogée par Le HuffPost le 22 janvier, elle insiste sur la nécessaire « clarté et cohérence » de la ligne politique et pointe des désaccords de fond avec les socialistes. « Au Parlement européen, les socialistes votent le pacte migratoire et le pacte de stabilité qui cadenassent tout volontarisme politique pour réaliser la transition écologique dont l’Europe a besoin », précise-t-elle, évoquant aussi « des aberrations écologiques » à l’échelle nationale comme le chantier de l’A69, auquel les écologistes s’opposent mais qui est soutenu par la présidente PS de la région Carole Delga.

Glucksmann, candidat des « nostalgiques de la trahison » pour LFI

Quid des Insoumis, qui défendaient corps et âme une liste unique à gauche ? Alors que François Hollande puis Daniel Cohn Bendit ont dit soutenir la candidature de Glucksmann, sa rivale Manon Aubry ironise sur « le rassemblement de nostalgiques de la trahison de 2012. » Et, en pleine crise agricole, ne perd pas une occasion de souligner les prises de position de son groupe (The Left) sur les accords de libre-échange, à rebours de celles autres groupes du Parlement, dont celui de Raphaël Glucksmann.

Plus largement, les insoumis ont été nombreux à relayer les mots de François Ruffin qui, le 19 janvier, faisait part de son « franc désaccord » à Raphaël Glucksmann, jugeant ses propos « hors sol » .

Quant au PCF, qui a annoncé sa tête de liste avant même que la liste commune ne soit enterrée, la question d’une alliance ne se pose même pas. Léon Deffontaines revendique de représenter « une gauche capable de parler de souveraineté industrielle, de souveraineté énergétique et de faire baisser les factures ». Sous entendu : pas sur la même ligne que la gauche de Raphaël Glucksmann.

Néanmoins, « je trouve ça très bien qu’à gauche il y ait un candidat qui aille jouer sur les plates-bandes de la Macronie », estimait-il le 10 janvier devant la presse. « Glucksmann s’inscrit dans cette étiquette qui consiste à aller chercher la gauche de la Macronie. Très bien. Nous nous adressons à la gauche aujourd’hui orpheline (...) et aussi aux électeurs d’extrême droite », ajoute-t-il.

Dans une interview à Ouest-France ce 29 janvier, Raphaël Glucksmann a aussi exclu toute alliance avec « des partis avec lesquels nous ne sommes pas d’accord, sur le fond, concernant l’Europe », citant nommément La France insoumise et le PCF. D’accord pour ne pas être d’accord.

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