Pourquoi la prolifération du crabe bleu en Méditerranée inquiète grandement ?
En deux ans, la présence du crabe bleu dans les lagunes de Méditerranée, notamment en Corse, n'a cessé d'augmenter et inquiète particulièrement les pêcheurs. Explications.
Sa présence fait des ravages écologiques et économiques. Le crabe bleu est une espèce invasive importée d'Amérique du Nord et qui s'est installée à très grande vitesse dans les lagunes de Méditerranée. L'Office de l'environnement de Corse révèle que seulement une dizaine de crabes bleus étaient repêchés chaque année sur l'île il y a encore deux ans et que le cap des 1000 a été dépassé cet été. S'il est très beau, ce crabe aux pinces bleues qui a pour nom scientifique Callinectes sapidus pose bien des problèmes aux pêcheurs et représente un impact conséquent sur la biodiversité.
L'eau dans la Méditerranée n'étant plus aussi froide qu'avant, cette espèce exotique y est à son aise et se reproduit à grande vitesse. Ces crabes mangent les poissons et toutes les espèces qu'ils trouvent, rendant les pêches bien plus maigres. Herbiers sous-marins, moules, escargots, anguilles, poisson ou même oiseaux... Ce crabe vorace est un enfer pour la biodiversité et les pêcheurs. Autre souci pour les pêcheurs, ce crustacé malin à l'agressivité redoutable se sert des ses puissantes pinces extrêmement coupantes pour détruire les filets de pêche. "Le filet, c'est une manière passive de pêcher. On le cale le soir pour le retirer le lendemain matin. Ce filet, on ne peut plus le caler", rapporte un pêcheur corse à France Info.
Des pêcheurs pensent à réorienter leur activité
Si l'arrivée précise du crabe bleu dans les eaux corses n'est pas connue, l'espèce serait présente dans le bassin Méditerranéen depuis près d'un siècle, et son développement semble être favorisé par le réchauffement climatique. "La femelle porte des millions d'œufs sur elle, c'est comme un virus", explique un pêcheur albanais à RTL, également touché par ce fléau dans son pays qui borde la mer Adriatique. En Albanie, le crabe bleu a d'ailleurs entrainé un déclin voire l'extinction de certaines espèces, en particulier de crabes locaux.
La Corse n'est pas la seule zone de la Méditerranée concernée par le phénomène, puisqu'en Occitanie, à Canet-Saint-Nazaire (Pyrénées-Orientales), les pêcheurs se sont habitués depuis quelques années à remonter des filets sans poissons à cause de ces prédateurs qui s'en prennent aux anguilles, indique France 3 Corse, qui précise que 14 tonnes de crabes bleus ont été pêchées au Canet en 2022.
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Plusieurs actions de lutte vont s'organiser en Corse pour contrôler la population de ces crustacés comme "des pêches ciblées sur des périodes très critiques pour l'espèce, comme la reproduction ou la migration", explique Marie Garrido à France 3 Corse. Autre solution, certains professionnels situés à Canet réfléchissent à réorienter leur activité pour commercialiser le crabe bleu. En Tunisie, où le crabe bleu est surnommé "Daesh" en raison de sa voracité, un plan national a été mis en place en 2018 pour exploiter, valoriser et commercialiser ce crabe dévastateur.
En #Tunisie les pécheurs contre-attaquent face au crabe bleu surnommé "Daesh" : pic.twitter.com/wYhTEEFnR8
— TV5MONDE Info (@TV5MONDEINFO) October 14, 2018
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