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Pourquoi le "plan eau" d'Emmanuel Macron est très attendu

Des annonces scrutées de près. Emmanuel Macron présente ce jeudi dans les Hautes-Alpes un plan destiné à améliorer la gestion de l'eau, ressource menacée par le réchauffement climatique. Alors que le pays est en pleine crise sociale et politique sur les retraites, le président de la République cherchera à montrer qu'il garde le cap.

Habitué d'ordinaire à parcourir l'Hexagone, il n'est quasiment pas sorti au contact des Français depuis la présentation en janvier de la réforme phare de son second quinquennat, qui prévoit le recul à 64 ans de l'âge légal de départ à la retraite.

Lors d'une de ses dernières sorties, le 25 février au Salon de l'Agriculture, il avait appelé à un "plan de sobriété" sur l'eau, à l'instar de celui mis en place pour l'énergie.

Un plan qui devait être présenté par Élisabeth Borne

L'hiver en France a été particulièrement sec avec un record de 32 jours sans pluie, qui n'a pas permis de reconstituer les nappes phréatiques, pour 80% en dessous des normales au 1er mars.

Ce jeudi, dans le décor du lac de Serre-Ponçon, plus grand réservoir d'eau douce d'Europe de l'ouest, le chef de l'État doit dérouler une cinquantaine de mesures pour réduire les gaspillages et mieux utiliser l'eau.

Ce plan devait initialement être présenté par la Première ministre Élisabeth Borne, selon des sources gouvernementales. Mais le président, qui a cité l'écologie, l'école et la santé comme ses prochaines priorités pour tenter de sortir de la crise des retraites, lui a finalement volé la vedette avec un déplacement annoncé au dernier moment, ce mercredi.

"Préparer l'été prochain"

Ce déplacement intervient aussi cinq jours seulement après la manifestation contre la "méga-bassine" de Sainte-Soline (Deux-Sèvres), ponctuée d'images d'affrontements d'une extrême violence entre militants et forces de l'ordre.

Avec le réchauffement climatique et les sécheresses à répétition, "l'eau est devenue une ressource stratégique pour la France", relève l'Élysée. Les experts climat anticipent une diminution de 10 à 40% de la ressource en eau, jusqu'ici abondante dans le climat tempéré de la France, dans les prochaines décennies.

Le plan aura pour premier objet de "préparer l'été prochain", qui pourrait être "difficile si la situation météorologique ne s'améliore pas", note la présidence. Il vise aussi des "transformations en profondeur pour construire des infrastructures adaptées" à l'horizon 2030.

"Tous les secteurs - industrie, agriculture, tourisme et loisirs, collectivités, particuliers, etc. - seront mobilisés, car c'est bien l'ensemble des Français qu'il faut engager pour faire entrer notre politique de l'eau dans une nouvelle ère", souligne l'Élysée.

Réutilisation des eaux usées

L'un des volets les plus scrutés sera celui concernant l'agriculture, première consommatrice d'eau via l'irrigation (plus de 2 milliards de m3), certes pratiquée seulement sur 7% des surfaces cultivées mais le plus souvent en été, quand la ressource est rare.

Les tentatives de conserver l'eau hivernale dans des retenues artificielles braquent des écologistes et une partie du monde agricole, qui dénoncent un "accaparement" d'un "bien commun" et une "mal adaptation".

"Comme si c'était pour remplir leur jacuzzi", a ironisé ce lundi le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, qui accompagnera le président, en mettant en garde à l'inverse contre "l'empreinte eau" des aliments qu'il faudrait importer pour pallier une éventuelle baisse des productions nationales.

Outre des solutions de stockage accrues, le gouvernement planche aussi sur le développement de cultures plus résistantes à la sécheresse. Autre piste majeure, pour l'agriculture comme pour les terrains de sport ou la chasse d'eau: la réutilisation des eaux usées, actuellement pratiquée pour moins de 1% des volumes en France contre 8% en Italie, 14% en Espagne et 85% en Israël.

Le plan devrait aussi annoncer des financements afin de mieux lutter "contre les gaspillages". "Actuellement, environ un litre d'eau potable sur cinq part dans les fuites", et même un litre sur deux dans certains territoires, qui n'ont pas les moyens de réparer des infrastructures antiques, selon l'exécutif.

Article original publié sur BFMTV.com