Pourquoi la Macronie ne lâche rien sur les soignants non vaccinés

Pour la majorité Renaissance, les fortes turbulences du débat à l’Assemblée sur la réintégration des soignants non-vaccinés rappelle « les pires heures de la gestion de la crise sanitaire ».

POLITIQUE - Des invectives, des intimidations et un débat qui tourne au dialogue de sourds. Dans la nuit du jeudi 24 au vendredi 25 novembre, la question (sensible) de la réintégration des soignants non vaccinés contre le Covid-19 a été mise sur la table par le groupe de la France insoumise.

Un examen qui a mis le feu aux poudres, puisque le camp présidentiel a usé de techniques d’obstruction pour esquiver la question, face à l’ensemble des oppositions coalisées pour arracher ce totem au gouvernement, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo :

Preuve du caractère inflammable du sujet, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, était dans l’hémicycle pour défendre bec et ongles cette suspension, dont il avait piloté la mise en œuvre du temps où il était ministre de la Santé.

Sur place, et face aux contestations nombreuses de députés de l’opposition malgré de fréqunets rappels à l’ordre, Olivier Véran a dénoncé un « niveau de tension jamais vu en douze ans au Parlement » et a rappelé que deux présidents de groupe présents en séance, Olivier Marleix (LR) et Boris Vallaud (PS) avaient voté pour ce dispositif.

« Un texte moyenâgeux »

Au lendemain de cette soirée parlementaire émaillée de heurts, la tension ne retombait pas. « C’était un spectacle consternant. À la reprise des discussions, à 21 h 30, l’ambiance est devenue violente, avec des intimidations physiques venant du camp insoumis », déplore auprès du HuffPost le député Renaissance de Paris Benjamin Haddad, qui assure que les troupes macronistes abordaient cette niche parlementaire de LFI avec un « esprit constructif ».

L’élu parisien cite en exemple la constitutionnalisation de l’IVG (votée de concert avec les insoumis) et l’interdiction de la corrida, que plusieurs députés macronistes s’apprêtaient à voter (avant qu’elle ne soit retirée). « C’était une proposition de loi antivax et complotiste qui nie la science. Un condensé de tout ce qu’on a vu de plus détestable durant la pandémie », renchérit auprès du HuffPost le président — par intérim — du groupe Renaissance Sylvain Maillard.

À l’image d’autres dans son camp, il fustige un texte « ubuesque », voire « moyenâgeux », qui « remet en cause le travail des experts » sur le sujet. « Ce n’est pas au politique de décider de cela, mais aux scientifiques », poursuit Sylvain Maillard, qui rappelle que ce texte, « refusé en commission », omet de mentionner que la Haute autorité de santé (HAS) est hostile à cette mesure.

Un argumentaire dans la droite ligne du discours tenu par Emmanuel Macron, interrogé ce vendredi 25 novembre en marge de son déplacement consacré à la lutte contre les violences faites aux femmes. « Nous parlons de soignants qui considèrent que se vacciner n’est pas un devoir déontologique », a répondu le chef de l’État, avant d'ajouter : « Tant qu’il n’y a pas d’avis scientifique, ce sera compliqué ».

Incarner « la raison » face aux « populistes »

Le président suit en cela la ligne de l’exécutif sur le Covid depuis le mois de mars 2020 : se ranger (autant que possible) derrière l’avis scientifique de l’instant T. Ce qui avait, par exemple, conduit le gouvernement à écarter assez rapidement la piste de l’hydroxychloroquine pour lutter contre le Covid-19, malgré la pression médiatique exercée par le Rassemblement national, la France insoumise et une bonne partie de la droite.

Une stratégie qui, politiquement, avait incité certains stratèges macronistes à jouer sur le clivage opposant « le camp de la raison » à « ceux qui jouent des effets de polémique et de division ». C’est cette opposition que certains réactivent ce vendredi.

« Hier on a entendu des affirmations lunaires sur le vaccin. On est retombé aux pires heures de la gestion de crise sanitaire », affirme au HuffPost le député Renaissance Pieyre-Alexandre Anglade, qui dénonce le « populisme et la démagogie » dont ont fait preuve à ses yeux les oppositions, « en irresponsabilités ». Soit une nouvelle opportunité pour la Macronie de renvoyer « les extrêmes » dos à dos.

Ce qu’a répété le ministre de la Santé, François Braud, ce vendredi sur BFMTV : « Je n’ai pas assisté à un débat, j’ai assisté à un festival de standing ovation entre les extrêmes contre les soignants (...) C’est extrêmement choquant, c’est remettre en cause sur notre gestion de l’épidémie ».

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