Pourquoi Mélenchon évoque la Marche des femmes pour défendre son rendez-vous du 16 octobre

Photo d’illustration de Jean-Luc Mélechon le 29 septembre 20022 à Marseille.
NICOLAS TUCAT / AFP Photo d’illustration de Jean-Luc Mélechon le 29 septembre 20022 à Marseille.

POLITIQUE - N’en déplaise à ses partenaires socialistes et écologistes de la NUPES, Jean-Luc Mélenchon persiste et signe : la marche des Femmes de 1789 est « un bon exemple » de lutte sociale et il encourage à le suivre pour la manifestation contre la vie chère du 16 octobre, à l’initiative de la France Insoumise.

Dans un premier tweet jeudi 6 octobre où il évoque « les femmes qui marchent sur Versailles contre la vie chère » les 5 et 6 octobre 1789 et « ramènent le roi, la reine et le dauphin de force à Paris », Jean-Luc Mélenchon a appelé ses troupes à « faire mieux le 16 octobre ». « Là Jean-Luc, tu peux faire mieux », a répondu Olivier Faure, se désolidarisant d’une « provocation ».

Jean-Luc Mélenchon assume et s’adresse à ses « chers amis NUPES » ce vendredi : « La marche des femmes de 1789 n’a coupé aucune tête ni guillotiné personne. Zéro mort. La brutalisation de la vie sociale c’est la vie chère et l’inaction climatique ». « Marchons au coude à coude », conclut-il dans un appel évident à faire fi des dissensions.

Une « Marche des femmes » contre la disette

Si le chef des Insoumis persiste dans sa référence, c’est en grande partie parce que la Marche des Femmes de 1789 se rapproche du thème de la manifestation du 16 octobre qu’il a lancé dès le mois de juillet : la vie chère en 2022, la disette en 1789.

Octobre 1789, la Révolution est déjà en marche : les droits féodaux ont été abolis et la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen a été votée par l’Assemblée nationale constituante dès le 26 août. Problème : elle n’a pas été ratifiée par Louis XVI, ce qui inquiète les révolutionnaires. Et, en dehors du contexte politique très tendu, le peuple a faim. Les récoltes de l’année ne suffisent pas et le prix du pain a augmenté.

La rumeur d’un banquet offert le 1er octobre à des officiers fraîchement arrivés à Versailles exaspère. Un cortège, où les femmes dominent, marche sur Versailles pour réclamer « du pain » pour les familles. Des représentantes sont reçues par le roi qui promet du pain et la signature de la Déclaration des Droits de l’Homme. Mais les manifestantes réclament aussi le retour du roi à Paris. Ce qu’elles obtiennent.

La Marche des femmes sur Versailles, pas si pacifique

Cet épisode historique ne s’est pas pour autant fait sans violences comme l’assure Jean-Luc Mélenchon. Au HuffPost, Jean-Clément Martin, historien co-auteur de l’Infographie de la Révolution française (ed. Passés Composés, 2021) le confirme. « Il y a des pressions très fortes dès le départ de Paris, sous la forme de menaces. Puis, les membres délégation de femmes reçues par le roi ont été agressées à la sortie de l’entrevue par d’autres qui leur reprochaient de s’être laissées acheter », rapporte le spécialiste.

Les violences les plus fortes ont lieu le 6 octobre au petit matin, lorsque des manifestants pénètrent dans les appartements de la Reine. Marie-Antoinette parvient à s’échapper mais les violences se poursuivent. « Deux gardes du corps sont décapités et leurs têtes mises sur des piques », rappelle Jean-Clément Martin, qui évoque aussi dans son ouvrage la mort d’un ouvrier, « le crâne fracassé ».

L’affirmation de Jean-Luc Mélenchon, selon laquelle la marche des femmes « n’a coupé aucune tête » n’est donc pas tout à fait exacte. Outre les reproches à gauche, la référence lui a valu les critiques de la majorité. « Je crois qu’il n’est pas crédible pour continuer à être un homme politique parce qu’il n’est pas responsable et digne dans ses propos », fustige la cheffe des députés Renaissance Aurore Bergé sur Public Sénat. « C’est un appel à la violence sociale, déguisé puisqu’il pourra toujours dire que ce n’est pas ce qu’il voulait dire », tacle Olivier Véran sur RMC.

Sans s’émouvoir Jean-Luc Mélenchon a renvoyé ses détracteurs à l’histoire bien plus sanglante du 14 juillet ou de la prise de la Bastille. « La marche des femmes en 1789 reste un modèle de lutte sociale des femmes », maintient-il. Un point sur lesquels les historiens s’accordent.

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