Pourquoi les tests ADN sont-ils interdits en France ?

Bien que les tests ADN ne soient pas autorisés en France, près de 100 000 Français en ont déjà réalisé.

L’émission Zone Interdite sur M6 s’intéresse ce dimanche au cas épineux des tests ADN. Bien que ces services soient interdits dans l’Hexagone, environ 100 000 Français y ont déjà eu recours.

En février 2019, la MIT Technology Review publiait un article dans lequel elle annonçait que depuis 2013, plus de 26 millions de personnes ont déjà acheté un test ADN en vente libre. Des chiffres en constante augmentation puisqu’au cours de l’année 2018, 13 millions de personnes en ont réalisé un, soit autant que sur les 5 années précédentes.

Toujours selon la MIT Technology Review, d’ici 2 ans, 100 000 millions de personnes pourraient avoir acheté un test ADN en vente libre. Une pratique qui se répand donc de plus en plus dans le monde, notamment grâce aux nombreuses sociétés implantées aux Etats-Unis, en Suisse ou en Israël qui proposent d’étudier votre profil génétique en achetant leurs tests sur internet, telles que 23andMe ou MyHeritage.

En France, près de 100 000 personnes ont déjà fait des tests ADN, et selon un sondage Geneanet réalisé en 2018, plus de 56% des Français souhaitent en réaliser un, alors que cette pratique très courante aux États-Unis est interdite dans l’Hexagone, sous peine de recevoir une amende de 3750 euros.

Une loi française très stricte

Si les tests ADN sont interdits en France, c’est pour plusieurs raisons. L’article 16-10 du Code civil précise que “l’examen des caractéristiques génétiques d’une personne ne peut être entrepris qu’à des fins médicales ou de recherche scientifique”.

De plus, si elles doivent être utilisées pour la recherche scientifique ou pour des raisons médicales, le consentement de la personne concernée est obligatoire : “Le consentement exprès de la personne doit être recueilli par écrit préalablement à la réalisation de l'examen, après qu'elle a été dûment informée de sa nature et de sa finalité. Le consentement mentionne la finalité de l'examen. Il est révocable sans forme et à tout moment”, indique le texte de loi.

C’est également en raison de soucis de discriminations, notamment des assurances, que le droit français interdit ces test ADN, comme le dit l’article L1141-1 du Code de la santé publique. Ces tests pouvant évaluer les risques de cancer en fonction de la génétique, les compagnies d’assurance pourraient s’en servir pour évaluer et proposer les contrats plus chers si le client est exposé à telle ou telle maladie.

Quels sont les risques ?

Lors de la réalisation d’un test génétique, il y a des risques sur la confidentialité des données de la personne concernée, ce qui peut mettre en péril la vie privée des personnes concernées. C’est pour cela que les sites qui proposent les tests ADN demandent si le client souhaite ou non que l’échantillon soit détruit. Mais qu’en est-il vraiment ? De plus, il y a toujours un risque de vol des données génétiques qui rendrait possible la traçabilité des individus.

Ces tests estiment pouvoir étudier le risque de cancer et de maladies cardio-vasculaires, alors que ces maladies ne dépendent pas que de facteurs génétiques. Comme le souligne la rédaction d’allodocteurs, ce n’est pas parce qu’on porte tel gène que l’on va contracter tel cancer et, au contraire, ce n’est pas parce qu’on ne porte pas tel gène qu’on ne contractera pas telle maladie. Des tests peu révélateurs qui peuvent donc inquiéter inutilement les individus.

Attention également aux mauvaises surprises comme les secrets de famille, ces tests ADN peuvent par exemple prouver que votre père n’est pas votre géniteur.

Une fiabilité remise en cause

Les résultats ne sont d’ailleurs pas fiables à 100%, loin de là, comme le confie Patrick Gaudray, directeur de recherche au CNRS, au Parisien : “En réalité, ces origines géographiques qu'on vous attribue ne sont que des statistiques, avec leur marge d'erreur. En plus, chaque société bricole à sa façon ses propres critères géographiques, il faut donc prendre les résultats pour ce qu'ils sont : de simples indices aléatoires.”

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