Pourquoi la Cop21 sera un échec

Tout simplement parce que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Or depuis le décevant sommet sur le climat de Copenhague en 2009, rien n’a changé. Il y a eu quelques déclarations d’intention. Louables mais totalement inutiles tant qu’il n’y aura pas d’accord contraignant et de calendrier précis. Alors si en 6 ans, les États ne sont pas arrivés à se mettre d’accord, pourquoi cela changerait-il en décembre 2015 ?

"Ce qui est en jeu, ce n’est pas la qualité de vie, c’est la vie", a martelé jeudi 10 septembre François Hollande lors de cette journée spéciale "La France s’engage pour le climat" organisée 80 jours avant la fameuse COP21 qui aura lieu à Paris. Une belle phrase. Certes. Mais combien n’en a-t-on pas entendues ? On se souvient de celle de Jacques Chirac lors du sommet de la terre de Johannesburg : "La maison brûle mais nous regardons ailleurs". C’était en 2002. Il y a 13 ans. Ça ne suffit plus. L’opinion publique est depuis longtemps mobilisée sur ces sujets. On connaît les enjeux. On sait les effets du réchauffement climatique sur notre planète. Ce qui manque, en revanche, ce sont des actes.

L’échec de Copenhague aurait pu agir comme un déclic et pousser les États à agir selon l’intérêt général et non selon leurs propres intérêts. Cela n’a pas été le cas. Six ans de vaines discussions. On ne sait toujours pas où trouver les cent milliards de dollars destinés à aider les pays du sud à s’adapter aux changements climatiques à partir de 2020. La crise économique risque de compliquer davantage les discussions. Et le président français a d’ores et déjà prévenu : "Il n’y aura pas d’accord s’il n’y a pas d’engagement ferme sur les financements."

La seule avancée ces dernières années a été cet engagement survenu en 2014 entre les deux plus gros pollueurs de la planète : la Chine et les États-Unis (45% du total des émissions de CO2). Washington s'est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 26-28% d'ici 2025, tandis que Pékin a promis un pic de ses émissions "autour de 2030". Là encore, c’est bien mais trop flou. Notez le "d’ici" et le "autour". On a vu plus contraignant…

On rétorquera qu’en vue du sommet de décembre, 60 pays ont annoncé les efforts qu’ils étaient prêts à faire afin de limiter à deux degrés le réchauffement climatique d’ici la fin du siècle. Il reste donc deux mois aux 135 autres… À ce rythme là, on se dirige plutôt vers une augmentation de trois degrés. Alors, oui, un échec de la Cop21 se profile : "Il y a une chance sérieuse de réussir et un risque majeur d’échec", a déclaré François Hollande qui fait preuve de lucidité mais semble avoir déjà baissé les bras. Cela ne va pas aider à motiver les troupes.