Pourquoi je suis allergique au pollen et pas les autres ?

Pourquoi certains sont allergiques au pollen ? (Getty)
Pourquoi certains sont allergiques au pollen ? (Getty)

L’allergie au pollen rend la vie dure à de nombreux Français chaque année, généralement au printemps. Mais pourquoi sont-ils touchés par ce phénomène ?

L’allergie est un dysfonctionnement du système immunitaire. Celui-ci considère que l’allergène (le pollen pour une personne allergique au pollen) est nocif pour l’individu, alors qu’il ne l’est pas. Pour se défendre, il réagira de façon excessive. Ceci provoquera l’apparition des nombreux symptômes liés à l’allergie. Ce phénomène concerne une partie importante de la population. On estime que 30% des Français sont allergiques. Ce taux n’était estimé qu’à… 3%, en 1970. Le Réseau National de Surveillance Aérobiologique (RNSA) estime que près de 25% des Français souffrent d’allergies respiratoires et 20% sont allergiques au pollen. Mais pourquoi donc cette maladie chronique touche-t-elle certaines personnes ?

Une prédisposition génétique

Il y a une prédisposition génétique“, explique Édouard Sève, allergologue et membre du RNSA. “Certaines familles ont des gènes qui facilitent la “création” d’allergies.” C’est ce qu’on appelle l’atopie. Ce terme est défini par le Larousse comme étant une “prédisposition héréditaire à développer des manifestations d’hypersensibilité immédiate telles que l’asthme, le rhume des foins, l’urticaire, l’eczéma dit atopique, la pollinose (sensibilité aux grains de pollen), certaines rhinites et conjonctivites”. En d’autres termes, le contact avec un allergène (comme le pollen) pourra provoquer une réaction chez la personne dite atopique. Il faut tout de même préciser qu’on ne naît pas allergique, on le devient. Si un des parents ou les deux présentent une allergie, la probabilité pour que l’enfant devienne allergique (pas nécessairement au même allergène) est plus élevée. Mais l’allergie n’apparaît pas forcément durant l’enfance. Elle peut se manifester à tout âge.

Facteurs environnementaux et mode de vie

Le facteur héréditaire ne peut néanmoins pas expliquer à lui tout seul la forte multiplication des cas de maladies allergiques constatées. “Cela peut également dépendre de l‘exposition ou du mode de vie“, analyse Édouard Sève. “Les enfants élevés à la campagne ont moins d’allergies que les enfants des villes notamment.”

  • Environnement et exposition

Plusieurs études affirment en effet que les personnes élevées en zone rurale et avec une biodiversité plus riche ont un système immunitaire renforcé. En effet, grandir dans un environnement où les bactéries ou virus sont plus nombreux pourraient contribuer à la bonne maturité du système immunitaire. L’individu, habitué dès le plus jeune âge à combattre des bactéries, pourrait être moins susceptible de développer une allergie. Cela dit, vivre dans “un environnement contenant des substances allergisantes” peut aussi favoriser l’allergie, selon Isabelle Begon-Bagdassarian, allergologue à Paris.

  • Évolution du mode de vie

Les environnements plus propres, avec des antibiotiques et l’eau de javel ont diminué la présence de bactéries en contact avec le système immunitaire”, développe Édouard Sève. “Sauf que du coup, celui-ci se dérègle et cherche à se défendre contre d’autres cibles. Il créé des anticorps contre les animaux, les pollens ou les acariens. C’est ainsi qu’apparaît l’allergie.” Comme vu précédemment, vivre dans un environnement intérieur aseptisé favoriserait le déclenchement d’une allergie. Le système immunitaire, peu exposé aux bactéries, est susceptible de surréagir en présence d’un allergène pourtant inoffensif. Les changements dans notre environnement intérieur, une amélioration de notre hygiène globale ou nos habitudes alimentaires peuvent donc être des facteurs favorisant l’apparition d’une allergie.

Pollution et réchauffement climatique

Ces deux facteurs sont également de potentiels déclencheurs d’une allergie au pollen. Ils permettent aussi d’expliquer pourquoi ces cas ont décuplé en 50 ans. Outre la prédisposition génétique, on pourra difficilement vous dire pourquoi vous êtes allergique alors que votre voisin profite pleinement du printemps sans dépenser un centime en mouchoirs. Mais il est certain que la pollution de l’air et le réchauffement climatique favorisent l’allergie, pour différentes raisons.

  • Le double rôle de la pollution

Pour les allergies respiratoires, la pollution va aggraver les choses“, explique Édouard Sève. “Les pollens fixés aux particules fines vont être plus irritants d’un coté alors que de l’autre, la pollution va irriter les voies respiratoires qui vont être plus sensibles aux allergies existantes et plus à risque de déclencher de nouvelles allergies.” La pollution joue ainsi un double rôle dans l’expansion de l’allergie au pollen. Elle agit à la fois sur le pollen et sur l’individu. “La pollution est en cause en modifiant la structure des pollens, en les rendant plus allergisants et en modifiant notre réponse par phénomène épigénétique“, développe Isabelle Begon-Bagdassarian. Notre sensibilité immunologique au pollen peut donc être modifiée par la pollution, comme l’explique le RNSA. En conséquence, il est ainsi possible de devenir allergique au pollen.

  • Alerte sur le réchauffement climatique

Le bilan “Surveillance des pollens et des moisissures dans l’air ambiant” de l’année 2018 met l’accent sur l’impact du dérèglement climatique. “Le réchauffement climatique et la hausse des températures conduisent à une augmentation des quantités de pollen“, note le rapport. Les saisons polliniques sont effectivement allongées. L’aire de répartition des arbres et des herbacées est également modifiée à cause du changement climatique. En conséquence, certaines substances allergènes se répandent sur le territoire. Tous ces facteurs offrent un terrain favorable au déclenchement d’une allergie au pollen chez l’individu. “On estime que d’ici 2050, si l’on ne fait rien par rapport au changement climatique, 50% de la population sera allergique“, alerte Jocelyne Just, présidente de la société française d’allergologie. Si cette prévision s’avère juste, vous ne serez plus une minorité à souffrir en plein printemps. Et ce ne sera pas vraiment une bonne nouvelle.