Pourquoi ces infirmières hospitalières quittent l’hôpital après dix ans de carrière, selon la Dress
SANTÉ - L’hôpital français n’en finit plus de suffoquer. Et les infirmières préfèrent partir. Avant même l’épidémie de Covid-19, « près d’une infirmière hospitalière sur deux » avait quitté l’hôpital voire changé de métier après dix ans de carrière, selon une étude de la Drees sortie le 24 août 2023. Basée sur « trente ans » d’observation, entre 1989 et 2019, les chiffres qu’elle dévoile sont inquiétants pour l’hôpital et la profession et en disent long sur les conditions de travail du personnel soignant.
Dans le détail, 79 % des infirmières entrées dans la profession durant cette période occupent encore, au bout de dix ans de carrière, un emploi salarié, hospitalier ou non. Et seulement 54 % d’entre elles sont toujours salariées d’un hôpital public ou privé. 11 % sont toujours infirmières et salariées, mais pour un autre type d’employeur, comme un Ehpad ou une administration publique.
14 % d’entre elles ont tout bonnement changé de métier. La moitié de ces infirmière est toutefois restée salariée du secteur hospitalier, par exemple au sein du personnel administratif, et l’autre est devenue salariée dans d’autres fonctions et secteurs. Les 21 % restantes n’occupent pas d’emploi salarié après dix ans de carrière.
Un « plan Marshall » pour l’hôpital
La part de celles restées à l’hôpital après dix ans a par ailleurs « décru au fil des générations » : elle passe de 60 % pour les infirmières ayant débuté entre 1990 et 1994 à 50 % pour leurs homologues entrées dans la profession entre 2005 et 2009.
Certaines décident de se tourner vers l’exercice libéral : sur un panel observé entre 2006 et 2019, « 13 % ont un emploi indépendant cinq ans après leurs débuts, et 17 % après dix ans », essentiellement en exercice libéral, parfois mixte (libéral et salarié), rarement au sein d’une autre profession.
Parallèlement, 5 % de ces professionnelles n’ont plus aucun emploi en France après dix ans (essentiellement chômeuses, inactives ou parties à l’étranger). Cette proportion monte à 11 % après dix ans. Si le fait de devenir mère « conduit à diminuer son volume de travail salarié », cela « n’explique pas les sorties de l’emploi », analyse la Drees.
Dans un communiqué, le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI-CFE CGC) : « Comment s’étonner que des infirmières sous-payées, en sous-effectif (...) ne restent pas à l’hôpital ? » Malgré le Ségur de la Santé, le salaire Français reste inférieur de 10 % au salaire infirmier européen, pointe le syndicat. Le ratio de patients par infirmier atteint lui « souvent le double » des normes internationales. « Alors qu’il y a déjà 60 000 postes infirmiers vacants (...) il y a urgence à agir » avec un « plan Marshall » pour l’hôpital, demande le SNPI.
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